En avril 2021, le célèbre journal médical The Lancet a publié les résultats d'une expérience sur des patients ayant partiellement perdu l'usage d'un bras après un accident vasculaire cérébral.
Les médecins ont implanté un neurostimulateur sur le nerf vague, qui va du cerveau à certains muscles, à cinquante-trois participants. En stimulant électriquement ce nerf, le dispositif avait pour ambition de rendre la rééducation motrice plus efficace.
L'expérience semble avoir porté ses fruits puisque sur 53 patients, 23 sont parvenus à des résultats «cliniquement importants», contre seulement 13 sur 55 dans le groupe test. Cela suggère que la stimulation vagale, déjà utilisée pour améliorer les traitements contre l'épilepsie et certaines douleurs, peut aussi aider à la rééducation post-AVC.
Grâce à cette technique, les médecins sont parvenus à condenser des années de rééducation motrice en quelques mois. Mais s'il est possible d'accélérer le réapprentissage après un accident, Wired s'interroge: que se passerait-il si cette technologie était utilisée sur des sujets en bonne santé?
En effet, comme l'explique au site américain le professeur Charles Liu, un neurochirurgien faisant partie des auteurs de l'étude, «il n'y a pas beaucoup de différence entre apprendre à une victime d'AVC à se servir d'une fourchette et à un athlète d'élite à mieux frapper une balle de baseball».
Nouveau dopage
Le cœur du processus est le même: il faut répéter l'action et stimuler le cerveau afin qu'il renforce son interaction avec le circuit moteur. Pour l'instant, il est impossible d'assurer qu'une opération chirurgicale testée dans le cadre de réanimation de paralysie mènera à une large diffusion publique, mais cette technique n'en est qu'à ses balbutiements.
Potentiellement, la stimulation vagale peut donc devenir une manière d'augmenter l'être humain. C'est d'autant plus vrai que des recherches sont déjà en cours afin de pouvoir stimuler le nerf vague depuis l'extérieur du corps.
Sans avoir à implanter le neurostimulateur chirurgicalement, une opération des plus lourdes et invasives, cette technologie pourrait devenir très intéressante d'un point de vue commercial –notamment pour les sportifs.
Cependant, le docteur Liu rappelle que ses recherches sont médicales, et servent à améliorer le système nerveux afin d'aider la récupération après une blessure, une maladie, voire la vieillesse naturelle. Auprès de Wired, il estime que si de telles techniques étaient utilisées sur des personnes en bonne santé, elles impliqueraient des considérations et réflexions éthiques bien plus profondes.