Ce n'est pas la branche la plus célèbre de Tesla, mais c'est pourtant celle qui tracasse le plus Elon Musk. Tesla Solar Roof, qui propose de remplacer son toit par des ardoises photovoltaïques, plus discrètes que des panneaux solaires classiques, est un élément-clé de la stratégie d'expansion de la firme, qui souhaite passer de vendeur de voitures électriques à acteur global des énergies renouvelables.
Mais si ces toits solaires ne manquent pas de clientèle, l'entreprise peine à optimiser leur installation. Lors du lancement en 2019, Musk affirmait viser 1.000 installations par semaine, et promettait que les ventes de «solar roofs» allaient «croître comme des algues sous stéroïdes».
Deux ans plus tard, selon les sources de Bloomberg, Tesla peine à atteindre les 200 installations par semaine. Le marasme est tel qu'en avril, les prix de Solar Roof ont augmenté, parfois de 50%. Un mauvais signe pour une entreprise qui privilégie d'ordinaire la croissance à tout le reste, et qui compte sur elle pour faire chuter les prix.
D'après Bloomberg, une série de cadres et dirigeants ont été licenciés ces dernier mois, et Elon Musk s'occupe désormais personnellement des opérations courantes de l'entreprise, pour ce qui reste pourtant un produit de niche.
Installations difficiles
On ne s'improvise pas couvreur. Contrairement à une ligne de production automobile, installer un toit ne peut pas être standardisé. Chaque toit est différent en terme de taille, d'angle, de qualité de fabrication, d'âge, etc. L'installation nécessite de former des employé·es dans le pays entier, et d'être partout en accord avec les régulations locales.
Habituellement, les revêtements de toits sont coupés directement sur le chantier –par exemple lorsqu'il faut contourner une cheminée. Seulement, le verre trempé utilisé par Solar Roof ne permet pas d'être coupé sur place. Tesla essaye donc de produire les tuiles spéciales à l'avance, mais cela complexifie significativement la planification.
Lors de récentes conférences téléphoniques de présentation de résultats, Musk a admis avoir «commis de vraies erreurs en évaluant la difficulté posée par certains toits» et que «la production va bien, mais l'installation bloque».
Or, comme l'observe Bloomberg, les problèmes de production et d'installations sont bien différents. «Musk ne peut pas dormir sur le canapé de chaque maison où il installe un solar roof, comme il disait le faire à l'usine Tesla», écrit le média américain.
Pour l'instant, l'avenir de Solar Roof ne semble pas menacé, explique Eric Weddle, couvreur certifié par Tesla. «Personne n'est inquiet à propos du futur du programme. [...] Mais on ne sait toujours pas qui le dirige, et je ne pense pas que Tesla le sache non plus.»