Ces dix dernières années, l'avocat a envahi les restaurants, les rayons des supermarchés, nos toasts et les réseaux sociaux. En guacamole, en gâteau, en sandwich: personne n'a pu échapper à la vague.
Entre 2000 et 2019, la production mondiale a été multipliée par 2,7 et le Mexique, premier producteur, a planté 12.000 hectares d'avocats par an ces cinq dernières années.
Aujourd'hui, Mission Produce, un des plus gros producteurs d'avocats, espère rééditer ce succès avec la mangue. On le sait peu, mais la mangue est le sixième fruit le plus consommé au monde, avec plus de 56 millions de tonnes produites en 2019.
Selon le PDG de Mission Produce, Steve Barnard, son potentiel de croissance est pourtant encore énorme, surtout aux États-Unis où la mangue n'est pas encore dans les habitudes de consommation.
«Les gens ne les laissaient pas mûrir, et les bonnes variétés n'étaient pas disponibles au bon moment. Cela a changé depuis, explique-t-il à Yahoo. La mangue est exactement dans la situation de l'avocat il y a trente ans». C'est-à-dire à l'aube d'une énorme croissance.
Selon une étude du cabinet Grand View Research, le marché de la mangue est estimé aujourd'hui à 18,6 milliards de dollars (15,5 milliards d'euros) et devrait atteindre 25,5 milliards en 2025, soit une croissance annuelle de 6,5%, tirée notamment par la demande en Allemagne et aux États-Unis.
Il n'y a plus de saison
«Il existe des variétés de mangue pouvant être cultivées sous n'importe quel climat», avance l'étude. Du coup, la mangue est disponible en toute saison. «Tout comme l'avocat, nous faisons de la mangue toute l'année. Après le Pérou, viennent les origines Côte d'Ivoire, Mali et Sénégal, Mexique puis l'Israël et l'Espagne avec la variété Osteen», énumère l'importateur français Primouest Impex.
Pour Mission Produce, qui cultive déjà 300 hectares de mangues au Pérou depuis 2015, le fruit présente un autre avantage: son cycle de récolte est à l'exact opposé de celui de l'avocat, ce qui va lui permettre de rentabiliser le matériel, la logistique et les usines sur toute l'année.
Tout comme l'Espagne, l'Italie s'est elle-même lancée récemment dans la culture de mangues, notamment en Sicile où se situe la plus grande partie des 100 hectares cultivés dans le pays, rapporte Fresh Plaza.
Il faut donc s'attendre à un déferlement de produits à base de mangue dans les prochaines années. Signe des temps, Pepsi a lancé en mars une version à la mangue de son soda, la première saveur permanente à sortir depuis cinq ans, et Coca-Cola a emboîté le pas avec un Coca light à la mangue (pas encore disponible en France) et un Fanta mangue ayant remporté le vote des internautes devant les fruits de bois ou le raisin.
En matière de goûts, il faut toutefois se méfier des prédictions. Ces dernières années, on nous a ainsi prédit l'explosion du chou kale, de la patate douce, du fruit du dragon, de la carambole ou de la figue. Des marchés qui sont restés confidentiels.
La mangue a donc du chemin à parcourir pour trouver sa place, d'autant plus que l'avocat n'a pas dit son dernier mot. Selon Statista, le marché devrait encore croître de 32% dans les cinq prochaines années.