À l'heure de la rédaction de cet article, le 25 mai 2022, Tesla vaut en bourse 640 milliards d'euros. Toyota, le second constructeur automobile le mieux côté en bourse, ne vaut, lui, «que» 207 milliards.
En 2021, Toyota a vendu 10,5 millions de véhicules. Tesla a battu son record en en produisant 930.422. Et encore, ces évaluations prennent en compte la chute brutale de l'action Tesla depuis le début du printemps, puisque le 4 avril, l'entreprise valait environ 1.000 milliards de dollars.
Comment expliquer une valeur en Bourse aussi élevée par rapport aux ventes réelles de l'entreprise? Selon le New York Times, pour que cela soit justifié, il faudrait qu'elle «domine l'industrie automobile de la même manière qu'Apple règne sur les smartphones et Amazon sur le commerce en ligne». Or, ce n'est pas le cas –loin de là.
Pour les investisseurs, tout est affaire de potentiel. Et pour beaucoup, celui de Tesla est infini. L'entreprise ne s'est pas limitée à faire de la voiture électrique un produit désirable: elle continue d'innover, en particulier concernant le pilotage automatique.
Quand tout va bien, Elon Musk est le plus grand atout de Tesla. L'homme le plus riche du monde réussit mieux que quiconque à capter l'attention médiatique et est considéré par nombre d'investisseurs comme un visionnaire, toujours en quête d'un nouveau défi technologique à relever.
Seulement, quand tout va mal, le charismatique milliardaire se transforme vite en épine dans le pied. Alors que l'industrie de la tech dégringole, Wall Street se demande si un conseil d'administration à la tête froide ne vaudrait pas mieux que les gesticulations d'un PDG qui tente (ou pas) d'acheter Twitter, alors que son entreprise dévisse en Bourse.
Rester sans dominer?
Un marché en berne, un procès pour discrimination raciale et une production ralentie poussent les investisseurs et certains observateurs à se poser une question: les perspectives de développement de Tesla sont-elles réellement si extraordinaires? Les consommateurs sont certes de plus en plus convaincus par l'électrique, mais la concurrence est rude.
Aux États-Unis, où Musk et son entreprise sont extrêmement populaires, les consommateurs sont près à attendre des mois pour leur Tesla. Seulement, «la prochaine génération d'acheteurs sera le péquin moyen qui achète une électrique parce que c'est moins cher, prédit un analyste auprès du New York Times. L'image de marque de Tesla sera moins efficace».
Tesla is going to be the next WeWork.
— Brianna Wu (@BriannaWu) May 22, 2022
If you look at the history of Tesla's stock price, it was never based on car sales. It's always been based on hype from Musk and a vision for a future.
That vision was appealing to many, including liberal environmentally-conscious nerds.
Tout cela amène le marché à réévaluer les perspectives de l'entreprise, quitte à envisager un brutal retour sur terre. Ce n'est pas sans rappeler le scénario qui avait fait tomber WeWork en 2019.
La start-up, qui sous-loue des espaces de coworking, avait un PDG très médiatique, une capitalisation de 47 milliards de dollars et un business plan un peu trop ambitieux: après une chute vertigineuse, l'entreprise vaut aujourd'hui 4,8 milliards.