Pour le moment, Elon Musk peut continuer à narguer celles et ceux pariant sur sa chute. | Frederic J. Brown / AFP
Pour le moment, Elon Musk peut continuer à narguer celles et ceux pariant sur sa chute. | Frederic J. Brown / AFP

Leur rêve? Assister à la mort de Tesla, quitte à y perdre leur fortune

Ces sceptiques ont juré de voir Elon Musk échouer, par n'importe quel moyen.

Le compte Twitter de Randeep Hothi, qui sévissait sous le pseudonyme @skabooshka, était entièrement dédié à la détestation de Tesla et de son PDG. Elon Musk y était qualifié de «Jar Jar Binks de la technologie», de «croisement entre Elizabeth Holmes et Donald Trump» ou de «chemise Ed Hardy des visionnaires de la tech».

L'homme appartient à un réseau informel qui se rassemble notamment autour du hashtag #TSLAQ, qui signifie «faillite de Tesla». Ces sceptiques relaient scrupuleusement les départs des hauts responsables, les procès, les critiques de la clientèle et les accidents impliquant Tesla pour annoncer la fin prochaine de la société. Le groupe est aussi à l'affût des accusations de malversations. La plupart de ses membres semblent avoir parié à la baisse sur l'entreprise, notamment au travers de la vente à découvert (shorting).

Hothi est allé plus loin. En avril 2019, après avoir repéré un prototype de Tesla qui filmait une vidéo de test, il l'a suivi à la trace pendant trois heures, publiant des photos et des commentaires négatifs sur Twitter. Il a ensuite découvert qu'il faisait l'objet d'une ordonnance restrictive de la part de Tesla pour avoir suivi et harcelé ses employé·es.

Le hater était également accusé d'avoir percuté un agent de sécurité avec son véhicule deux mois plus tôt, ce qu'il conteste. Son identité a été révélée et il a depuis réduit son activité sur Twitter.

Prophètes de malheur

Tesla semble pourtant loin de la faillite. Depuis octobre dernier, son cours en Bourse a doublé, dopé par des ventes supérieures aux estimations et par l'entrée de l'entreprise sur le marché chinois.

Les investisseurs ayant parié contre Tesla ont perdu 2,5 milliards de dollars en 2019 [2,26 milliards d'euros] et la même somme en 2020, selon un directeur de S3 Partners. Le choc a été rude pour la galaxie #TSLAQ. L'un des détracteurs de l'entreprise d'Elon Musk a annoncé qu'il avait perdu l'essentiel de sa fortune dans une telle opération, avant de tirer sa révérence avec une série de GIFs des Simpson.

Pour Tesla, tout n'est pas gagné pour autant. En novembre, l'entreprise a dévoilé son Cybertruck, aux vitres «à toute épreuve». Mais lors de la démonstration, qui impliquait le lancer d'une boule de pétanque, celles-ci se sont fracturées –Musk est ensuite revenu sur l'incident. L'action a chuté de 6% dès le lendemain.

Plus récemment, l'agence américaine chargée de la sécurité routière a déclaré qu'elle se pencherait sur l'éventuelle accélération incontrôlée des véhicules du constructeur tout-électrique. Le problème a été soulevé par une pétition, qui d'après Tesla aurait été rédigée par un individu pariant à la baisse sur la société. Derrière Apple, elle est d'ailleurs la deuxième société américaine la plus shortée.

Mercredi 22 janvier, la capitalisation boursière de Tesla a franchi la barre symbolique des 100 milliards de dollars [90,6 milliards d'euros], dépassant Volkswagen. Cela pourrait permettre à Elon Musk d'engranger un super bonus de 350 millions de dollars [317 millions d'euros], si d'autres conditions sont réunies. En 2019, 367.500 véhicules Tesla ont été vendus, soit 50% de plus que l'année précédente.

Avenir boursier incertain

La suite pourrait néanmoins être plus délicate. Les analystes de Bernstein ont examiné sur les quarante dernières années les entreprises dont la capitalisation boursière, supérieure à 20 milliards de dollars, a doublé en six mois ou moins. En moyenne, leur rendement absolu sur les six mois qui ont suivi s'est situé autour de 2,6%.

Bernstein note également qu'un doublement aussi rapide du cours en Bourse est peu habituel dans le secteur automobile –beaucoup moins que dans la tech, par exemple. Le cabinet estime que l'action Tesla serait surévaluée d'environ 40%; il conseille donc aux investisseurs de rester prudents.

Reste que les personnes qui ont parié sur le succès de l'entreprise, même très récemment, sont gagnantes. L'un des fondateurs d'Oracle, Larry Ellison, a par exemple fait l'acquisition de trois millions d'actions Tesla pour un milliard de dollars [905 millions d'euros] en décembre 2018, lorsqu'il a rejoint son conseil d'administration. En à peine un an, il s'est déjà enrichi de 600 millions de dollars.

Quant à Elon Musk, sa fortune s'est accrue de 3,9 milliards de dollars rien qu'en janvier –n'en déplaise aux sceptiques.

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