Les appareils, le personnel, la clientèle, les locaux et bureaux d'une compagnie aérienne ne sont pas forcément ses actifs les plus importants: les liaisons qu'elle assure, pour lesquelles elle doit posséder une licence, constituent peut-être son bien le plus cher.
Face à la débâcle du coronavirus et à des réservations en chute libre, certaines compagnies se voient forcées de faire voler des avions à vide sur ces liaisons régulières, avec le surcoût économique mais surtout écologique qu'une telle aberration suppose.
Règle des 80/20
Business Insider indique que des règles européennes stipulent que 80% des vols prévus sur une liaison donnée doivent être effectués par les avions de la compagnie à qui elle a été confiée, au risque de la perdre au profit de l'une de ses concurrentes.
Ce sont peut-être des milliers de tonnes de kérosène qui sont actuellement brûlées par ces avions fantômes, du fait d'une réglementation qui n'a pas été adaptée à la crise que traverse actuellement le secteur du transport aérien.
«Je suis particulièrement inquiet du fait que, pour respecter cette règle des 80/20, des compagnies aériennes soient obligées de faire voler des avions avec très peu de passagers, voire vides, pour ne pas perdre leur liaison», a déclaré Grant Shapps, le secrétaire d'État aux Transports britannique.
Shapps a assuré avoir écrit aux autorités compétentes pour réclamer une suspension immédiate de ladite règle.
Aviation demand is reduced due to COVID-19, but airlines are being forced to fly some ‘ghost flights’ to avoid losing their slots – bad news for the environment, airlines & passengers. I've written to the regulator to request urgent reconsideration of 80% slot utilisation rule. pic.twitter.com/OsKEH2S4Ab
— Rt Hon Grant Shapps MP (@grantshapps) March 5, 2020
Le transport aérien est sans doute l'une des activités les plus directement et brutalement frappées par la crise du coronavirus. Selon l'International Air Transport Association, le secteur pourrait perdre 113 milliards de dollars [près de 100 milliards d'euros] si l'épidémie n'est pas contenue –un impact qu'elle compare aux conséquences de la crise financière de 2008.