La période, c'est difficilement contestable, est rude. Pour celles et ceux ayant perdu leur emploi, détruit par la crise et balayé par la pandémie; pour celles et ceux mis au chômage technique; mais aussi pour celles et ceux qui, en télétravail ou en présentiel, continuent vaille que vaille à travailler.
Une étude commandée par le cabinet Empreinte Humaine et menée par l'institut Opinion Way indique que, pour les salariés français, un inquiétant sentiment de mal-être au travail s'installe et progresse, alors que les mois passent et que le Covid-19 chamboule toujours leurs vies.
Ce sont ainsi 49% des personnes interrogées qui déclarent un état de détresse psychologique (dont 18% un état de détresse psychologique élevée), en progression de 7% par rapport à mai 2020. 24% des salariés en poste, soit 5,5 millions de personnes, auraient été arrêtés par leur médecin en raison du stress ou de l'anxiété, et 35% disent être dans un état d'épuisement émotionnel.
L'étude montre que si une entreprise sur deux a mis en place des actions destinées à surveiller la santé psychologique de leur force de travail, celles-ci n'ont eu que trop peu d'effet sur les difficultés vécues par les salariés.
Perte de sens
«Les entreprises qui hésitent à investir en santé psychologique vont en payer le prix avec le départ et le désengagement de leurs employés», est-il écrit. Si le chômage de masse et la crise mettent à mal les possibilités de mobilité professionnelle, les chiffres sont effectivement éloquents.
Ainsi, 49% des personnes interrogées expliquent rester «faute de trouver mieux», elles sont 42% à estimer que leur travail leur plaît moins qu'avant, et 35% à considérer que leur travail n'a pour elles aucun sens.
Le télétravail semble amplifier le phénomène. Alors que 58% des personnes interrogées étant en full remote déclarent un mal-être, elles sont 53% parmi celles alternant travail à distance et au bureau, et 47% si elles passent l'intégralité de leurs semaines dans les locaux de l'entreprise.
L'étude note par ailleurs que les catégories les plus frappées par ce marasme moral sont les femmes, les moins de 29 ans et les cadres. Les managers sont ainsi 58% à déclarer un état de détresse psychologique, et 25% un état de détresse psychologique élevée.
En outre, la France serait particulièrement touchée par le phénomène. «À titre de comparaison, certains pays utilisant les mêmes questionnaires constatent deux fois moins de détresse psychologique élevée que chez nous», a observé le président d'Empreinte Humaine, Christophe Nguyen, sur BFMTV. Il n'y a donc pas qu'en football que nous sommes champions du monde.