L'endetteur. | Angela Weiss / AFP
L'endetteur. | Angela Weiss / AFP

La dette créée par Elon Musk pourrait tuer Twitter

Les bots ne sont sans doute pas le vrai problème.

Coup de tonnerre après le coup de tonnerre la semaine passée: après avoir annoncé avec fracas le rachat en cash de Twitter pour la coquette somme de 43 milliards de dollars, Elon Musk s'en dédisait le 13 mai et faisait grand bruit en mettant le deal en pause, évoquant le nombre incertain de faux comptes et de bots que compte la plateforme.

Comme le suggère pourtant Bloomberg, il est fort possible que ces bots et faux comptes ne soient pas le véritable problème, sinon pour Musk, du moins pour Twitter. Ainsi, selon le média américain, le montage créé de toutes pièces pour le patron de Tesla et SpaceX par ses banques partenaires causerait à Twitter une dette dont l'entreprise aurait toutes les difficultés du monde à s'extraire.

«C'est simplement une mauvaise structure de capital pour s'attaquer à un business comme Twitter, qui n'a jamais vraiment prouvé qu'il pouvait être profitable, explique John McClain, manager de portefeuille pour Brandywine Global Investment Management. C'est une entreprise cotée depuis un certain temps et elle semble n'avoir jamais réellement trouvé comment monétiser son audience.»

Or, si la croissance de la base d'utilisateurs et sa monétisation est l'une des premières priorités d'un Musk très optimiste, elle pourrait ne pas suffire pour supporter l'énorme dette que le montage place sur les épaules de Twitter.

Comme le détaille Bloomberg, cette dette est l'un des trois composants du deal concocté par les banquiers de Musk, avec les 27,25 milliards de dollars dégotés auprès d'autres investisseurs et 6,25 milliards de dollars adossés à ses actions Tesla. Il cherche d'ailleurs à remplacer cette prise de risque par l'arrivée d'autres financiers extérieurs, probablement conscient que le jeu pourrait ne pas en valoir la chandelle.

C'est lourd

La dette que ferait porter ce deal à Twitter change drastiquement la donne pour ses comptes: la firme, qui a dû s'acquitter de 53 millions de dollars en intérêts pour l'année 2021, pourrait voir cette somme bondir à près de 900 millions de dollars en 2022 si le montage de Musk venait à aboutir.

L'entreprise, qui se prépare a priori à annoncer des résultats plutôt corrects, pourrait donc se remettre à brûler du cash à un rythme difficilement tenable, sauf à faire croître drastiquement la monétisation de son parc d'abonnés –donc ses revenus– dans les mois qui viennent.

C'est certes le pari de Musk, mais il semble plus qu'osé: lui-même entrevoit une récession longue et sévère aux États-Unis, et le secteur de la tech traverse déjà un important marasme; deux phénomènes qui rendraient une hausse des profits immédiate difficile à atteindre.

Twitter pourrait donc se retrouver durablement avec un fardeau intenable sur le dos et, après avoir entrevu le mieux, replonger vers le pire pour redevenir une start-up qui brûle le cash beaucoup, beaucoup plus vite qu'il n'entre.

La question des bots, qui a donné lieu à un échange plutôt acrimonieux –ou plus exactement scatologique– sur Twitter entre Musk et le patron actuel de Twitter, Parag Agrawal, sera alors très largement secondaire.

Pourtant, malgré cette sombre perspective d'une dette intenable, et après une réaction initiale ayant consisté en une poison pill destinée à repousser l'offre de Musk, le conseil d'administration de la firme semble désormais ardemment souhaiter que Musk aille au bout de son aventure, sans doute avant qu'il ne tente de renégocier les termes du rachat.

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