Des juges italiens ont placé la branche italienne d'Uber Technologies, dont dépend Uber Eats Italia, sous contrôle provisoire de la justice. La multinationale américaine est soupçonnée d'avoir participé à l'exploitation de travailleurs étrangers précaires.
Les médias italiens ont lâché le terme de «caporalato», plus souvent utilisé dans le monde agricole, qui désigne un système quasi esclavagiste dans lequel des personnes sans-papiers sont exploitées et sous-payées par des organisations mafieuses.
«Mon salaire était toujours de 3 euros par livraison, quel que soit le jour et l'heure», a déclaré à la justice l'un des mille livreurs concernés. Les algorithmes d'Uber fixent pourtant un minimum par course et des rémunération pouvant augmenter selon la demande.
Migrant·es dans le besoin
Une source de Reuters affirme qu'Uber payait des sommes bien plus élevées à deux sociétés de recrutement. D'après le parquet de Milan, rapporte le Corriere della Sera, ces entreprises exploitent «des migrants provenant de zones de guerres, des demandeurs d'asile, des personnes vivant dans des centres d'accueil temporaire, et globalement dans un état de besoin».
L'une de ces entreprises, ainsi que quatre personnes, sont visées par la même enquête. Pour l'instant, Uber Eats peut continuer ses activités dans la péninsule italienne. Le service de livraison affirme ne pas avoir été au courant et dénonce toute forme d'intermédiaires illégaux entre les restaurants et leur clientèle.
Ce n'est pas la première fois qu'Uber ou d'autres entreprises au modèle économique similaire, telles Deliveroo ou Glovo, sont accusées de servir d'instrument d'exploitation.
En juin 2019, le New York Times révélait que le système d'autoentrepreneuriat sur lequel reposent ces plateformes, particulièrement flexible, avait donné lieux à de nombreux abus, notamment en France. Plus récemment, c'est Frichti qui, malgré sa communication positive, se faisait épingler par Libération, pour des raisons similaires.
Des personnes s'inscrivent ainsi en temps qu'autoentrepreneurs puis sous-louent leur compte à des sans-papiers ou à des mineurs, pour récupérer entre 30 et 50% des sommes pour lesquelles ces derniers ont travaillé.