Les traders se préparent à l'assaut boursier de l'une des plus fameuses licornes de l'histoire, Uber. Fondée en 2009 à San Francisco par Travis Kalanick et Garrett Camp, la firme souhaite lever 10 milliards de dollars en actions [plus de 8,84 milliards d'euros], ce qui lui ferait atteindre une capitalisation boursière de 90 à 100 milliards de dollars [entre 79,5 et 88 milliards d'euros] à peine dix ans après sa naissance.
Et qui dit introduction en Bourse dit transparence sur les résultats: l'entreprise a dû rédiger un document à l'attention de la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine et des investisseurs potentiels.
Beaucoup ont sauté sur l'occasion pour analyser les données transmises par la compagnie. On apprend entre autres que l'application est utilisée par 91 millions de personnes dans le monde, et que sa croissance semble ralentir.
Sans surprise, on découvre également qu'Uber n'est pas rentable, avec une perte opérationnelle d'un peu plus de 3 milliards de dollars en 2018 [2,65 milliards d'euros] pour un chiffre d'affaires global de 11,3 milliards de dollars [9,99 milliards d'euros].
Et comme Lyft avant elle, Uber annonce d'emblée aux gens qui aimeraient placer un petit billet sur son avenir qu'elle pourrait très bien ne jamais atteindre le seuil de rentabilité –précaution d'usage certes, mais précaution tout de même.
Perdre mieux pour gagner plus
Jusqu'ici, rien de tout à fait ahurissant pour les spécialistes qui suivent de près la vie complexe d'Uber. Le site TechCrunch a néanmoins concentré son attention sur des données plutôt surprenantes et assez signifiantes.
Le concept de l'entreprise et sa croissance initiale ont été suffisamment puissantes pour lui permettre de continuer à gagner de l'argent, ou du moins à augmenter sa capitalisation boursière, après s'être retirée de marchés pourtant cruciaux.
En quittant la Chine, la Russie ou l'Asie du Sud-Est, Uber y a tout de même laissé un pied et quelques intérêts: plutôt que d'engager des sommes monstrueuses dans une concurrence qu'elle n'était pas certaine de pouvoir surmonter, elle a échangé ce qu'elle laissait aux entreprises rivales contre des parts dans leur capital.
TechCrunch a calculé que ces participations et partenariats avec ses ex-ennemis Didi (Chine), Grab (Asie du Sud-Est) ou Yandex (Russie) s'élevaient à 12,5 milliards de dollars [un peu plus de 11 milliards d'euros], avec un gain net de 3 milliards de dollars [2,65 milliards d'euros] depuis les prises de participation.
Ce qui a été présenté comme des défaites constituait en réalité de petites victoires: Uber conserve un rôle et des parts dans les marchés qu'elle avait en apparence piteusement quittés, et profite même financièrement du fait d'avoir tourné le dos à une concurrence trop féroce.