Un conducteur uber roule dans Manhattan, 2018 | Drew Angerer / AFP
Un conducteur uber roule dans Manhattan, 2018 | Drew Angerer / AFP

Vous pouvez désormais imposer le silence à votre chauffeur Uber

Une option réservée aux membres premiums et des implications sociales qui posent question.

Uber s’apprête à proposer à sa clientèle de nouvelles fonctionalités. En commandant leur VTC, les riders peuvent désormais sélectionner un quiet mode, ou mode silencieux: il s'agit de notifier au chauffeur ou à la conductrice qu’une restriction de leurs interactions est de rigueur.

Tout le monde ne bénéficiera pas du quiet mode. Interdire au personnel qui conduit des VTC d'adresser la parole aux client·es est réservé aux personnes utilisant UberBlack –UberBerline en France–, un service premium qui garantit de faire le trajet à bord d'un véhicule de luxe«couleur sombre, intérieur cuir et service haut de gamme». Une gamme destinée à une clientèle plus fortunée puisque la course vaut environ deux fois plus chère qu’une course UberX classique et trois fois plus qu’une course UberPool.

En plus du quiet mode, les client·es peuvent sélectionner plusieurs autres options via l’appli, telles que demander au chauffeur de charger leurs bagages dans le coffre et indiquer la température qui a leur préférence. Des services qu’une personne normale aurait pu, par exemple, demander à son chauffeur ou à sa conductrice en lui adressant tout simplement la parole.

Les usagèr·es d’UberBerline pourront aussi décaler leur course de quelques minutes sans avoir à payer de coût additionnel. Le manager produit de Uber, Aydin Ghajar, a déclaré que sa clientèle «veut une expérience de haute qualité à chaque fois qu’ils voyagent avec UberBlack».

Note moyenne de 4,7

Pour la clientèle, souvent urbaine et fortunée, cette «haute qualité» serait donc ternie par une discussion avec son chauffeur ou sa conductrice. Lesquel·les en, France, sont pour beaucoup des jeunes banlieusard·es, issu·es de zones à forts taux de chômage et où les personnes racisées sont sur-représentées: ce qu'implique socialement une telle option peut donc sembler pour le moins problématique.

Pour comprendre ce qu’implique ce nouveau mode, il faut comprendre comment fonctionne UberBerline. Il y a plusieurs conditions pour prétendre à conduire sur le service.

Les clients qui commandent sur Berline payent beaucoup plus cher qu'uberX et s'attendent à un service d’exception.
Uber

Tout d’abord, il faut totaliser 2.500 courses UberX, et avoir été noté en moyenne 4,85/5 minimum sur les 500 dernières. On peut ensuite passer sur UberBerline si l’on conduit un véhicule haut de gamme. En échange, la course est mieux rémunérée.

Une fois ces critères respectés, il faut honorer une charte de qualité complète (être en costume, proposer de l’eau, avancer son siège etc.) et ne surtout pas descendre sous une note moyenne de 4,70/5, sous peine de se voir rétrograder en UberX. Car, selon Uber: «Les clients qui commandent sur Berline payent beaucoup plus cher qu'uberX et s'attendent à un service d’exception.»

Lorsqu’un client sélectionne «silence préféré», ce n’est donc pas simplement une préférence. C’est de fait une obligation, puisque les 4,70 étoiles de Damoclès pendent au-dessus de la tête du chauffeur ou de la conductrice.

Une mauvaise note peut coûter cher puisqu’elle fait courir le risque d'une rétrogradation et donc d'une perte de revenus. Ce qui peut être particulièrement dommageable pour quiconque s’est par exemple récemment endetté afin acheter une voiture de luxe.

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