500 millions de dollars, soit 454 millions d'euros. Amassé en 2014 par Uber, c'est un pactole rondelet qui a permis à Uber de mettre quelques couleurs dans un bilan financier par ailleurs très pâle, donc de rassurer les investisseurs après lesquels l'entreprise courait toujours.
Estimée par Mike Isaac, journaliste du New York Times et auteur de l'enquête Super Pumped: The Battle for Uber, cette somme correspond au «Safe Ride Fee», surcoût imposé par la plateforme de VTC à ses «riders» sur chacune de leurs courses.
Un mensonge payant
Le «Safe Ride Fee» semblait être une belle idée. Ces petits dollars ajoutés au prix d'un trajet (1,35 dollar à San Francisco, 1,65 à Los Angeles, 1,25 à Philadelphie) devaient servir à améliorer la sécurité des passagèr·es comme celle des chauffeur·es.
Étaient citées «la vérification du passé des conducteurs la plus efficace du secteur, des évaluations techniques régulières des véhicules, une éducation à la sécurité pour les conducteurs et conductrices, le développement d'options spécifiques dans l'app et les coûts d'assurance».
Or, durant l'année 2014, ces promesses se sont transformées en à peu près rien –une courte formation en vidéo pour les VTC, et c'est tout. «Nous avons boosté nos marges en expliquant que nos trajets étaient plus sûrs», a confié un ancien salarié à Mike Isaac, ajoutant que la manœuvre était «choquante».
Si choquante que, sentant l'arnaque, des voyageurs et voyageuses ont regroupé leurs griefs pour mener une action collective et attaquer l'entreprise la même année, l'accusant de marketer de manière trompeuse ce «Safe Ride Fee».
Un accord financier a été trouvé entre Uber et les requérant·es en 2016, obligeant la plateforme à rembourser 28,5 millions de dollars à 25 millions de client·es.
Tous comptes faits, Uber a donc très artificiellement gonflé ses marges d'environ 470 millions de dollars (427 millions d'euros) en 2014, en trompant sa clientèle: le mensonge peut être grassement payant.