Malgré les fortes sanctions économiques imposées à la Russie par les pays occidentaux, la guerre continue de faire rage en Ukraine. Afin de continuer de maintenir la pression, et malgré les réticences de l'Allemagne, la Commission européenne cherche à franchir un pas supplémentaire en limitant au maximum les importations de gaz naturel russe.
Si c'est une belle résolution, cela veut aussi dire que les pays de l'UE doivent très rapidement trouver ailleurs les hydrocarbures dont ils ont besoin. Un document interne de la Commission européenne que Bloomberg News est parvenu à se procurer détaille les pistes envisagées.
Le projet serait d'importer cette année 50 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL). Ce gaz est réfrigéré jusqu'à atteindre l'état liquide, afin de pouvoir être transporté par bateau. Le volume importé par gazoducs depuis des pays autres que la Russie devrait quant à lui augmenter de 10 milliards de mètres cubes. Cela permettrait de réduire de deux tiers le recours au gaz russe.
L'Afrique, nouveau partenaire stratégique
L'Afrique joue un rôle clé dans la futur stratégie européenne d'importation de GNL. L'ouest du continent africain est riche en réserves de gaz sous-exploitées; d'après Bloomberg, les vingt-sept y voient une opportunité de diversifier leur approvisionnement.
À plus court terme, un accord devrait être trouvé avec les États-Unis pour importer 15 milliards de mètres cubes de GNL en 2022. L'Égypte et Israel sont aussi ciblés comme potentiels fournisseurs d'ici cet été. Quant au Japon et à la Corée du Sud, ils ont d'ores et déjà envoyé plusieurs cargos vers le Vieux Continent.
Pour ce qui est du gaz importé par pipeline, d'après le document obtenu par Bloomberg, «la Norvège a déjà augmenté ses livraisons en Europe, et l'Algérie comme l'Azerbaïdjjan ont indiqué leur volonté de faire de même». La commission souhaiterait carrément doubler les importations par le gazoduc azéri. Un choix légèrement paradoxal, le pays ayant lui-même annexé une région de l'Arménie il y a quelques mois.
Ce programme est très ambitieux pour une Europe divisée sur la question de l'énergie. De l'aveu même de la Commission, il nécessitera «une politique gazière bien mieux coordonnée afin de pouvoir exploiter le marché et le poids politique de l'Union, ainsi que le développement d'un outil d'action commune».