Sur la plage de Gaza, nombre de vendeurs et vendeuses proposent non pas des chouchous, beignets ou chichis mais du thé, du café ou du maïs. Travaillant plus de dix heures par jour, elles et ils gagnent le plus souvent entre 20 et 25 shekels [de 5 à 6,5 euros] par jour. Mais la plupart ne disposent pas d'une autorisation et la municipalité de Gaza, qui est dirigée par les autorités du Hamas, vient de sonner le glas de cette économie informelle.
Mi-juin, elle a annoncé que les cabines seraient remplacées par des kiosques en ciment. Pour les louer, les vendeurs et vendeuses doivent débourser la somme exorbitante de 2.217 euros par an. Pour obtenir un emplacement, 1.330 euros devaient être payés avant le 20 juin. Les soixante à et quatre-vingts cabines en ciment prévues pourraient rapporter jusqu'à 177.000 euros par an aux autorités.
Confiscation
Le salaire moyen à Gaza s'élève à 135 euros par mois et le taux de chômage des 18-29 ans atteint 45%. Depuis la prise de pouvoir du Hamas en juin 2007, le territoire fait l'objet d'un implacable blocus israélien qui engendre une grave crise économique. Parmi les personnes qui en viennent à subvenir à leurs besoins en vendant à boire et à manger en bord de mer, beaucoup sont titulaires de diplômes universitaires.
«La municipalité pense-t-elle que nous gagnons des millions grâce à ce travail? [...] Avec ce loyer, on travaillera toute la journée pour eux. [...] Nous servons près de quinze à vingt clients par jour, la plupart issus de familles pauvres. [...] Si nous augmentons les prix, les gens iront plutôt dans les cafés et nos commerces fermeront», s'indignent deux vendeurs.
Les autorités jurent que ces nouveaux bâtiments amélioreront l'aspect de la plage et seront plus confortables pour les commerçant·es, qui pourront laisser leur stock à l'intérieur. Selon des témoignages, des vendeurs et vendeuses qui n'ont pas les moyens de payer ont été menacées d'une confiscation de leur kiosque actuel.