Alors que le prix du baril reprend des couleurs et atteint plus de 75 dollars (65,5 euros), le Venezuela espère tirer parti de cette nouvelle manne pour tirer son économie en pleine débandade et sous le coup de sanctions américaines.
La compagnie d'État Pétroleos de Venezuela S.A. (PDVSA) s'est fixé l'objectif d'atteindre une production de 1,5 million de barils par jour. Une paille si on compare ce volume aux 3 millions de barils par jour produits à l'arrivée au pouvoir de Nicolás Maduro en 2013, mais un gain significatif par rapport aux 590.000 barils par jour enregistrés au moins de novembre par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Cet effort se fait au prix de manœuvres désespérées et assez baroques, raconte Bloomberg. La compagnie ne peut pas rémunérer ses fournisseurs et les entreprises de services qu'elle emploie, en raison des sanctions qui limitent son accès aux banques.
Ce sont des sacs à dos bourrés de liasses de billets en dollars –une monnaie très recherchée au Venezuela– qui leur sont distribués, ou encore du brut fraîchement extrait, voire des promesses de paiement en ferraille, dont la valeur a aussi récemment augmenté.
Pour diminuer sa masse salariale, PDVSA détache ses propres employés qui sont ensuite embauchés par des entreprises locales, à qui l'on confie les contrats. Bref, tout est bon pour parvenir aux objectifs du grand chef Maduro.
Compte tenu des retards et des difficultés de paiement de la compagnie pétrolière, les entreprises forant pour le compte de PDVSA travaillent souvent de manière irrégulière, faisant fi des règles fiscales, sociales et environnementales.
Du pétrole, et des idées
Il n'empêche que cela semble fonctionner: cette dernière semaine, la production a grimpé jusqu'à 908.000 barils par jour, un niveau proche de celui de l'Oman.
Cela est-il tenable dans la durée? Pour l'instant, la compagnie nationale s'est concentrée sur les champs les plus faciles d'accès et récemment rénovés grâce à des coups de pouce «cosmétiques» (regoudronnage des routes, enlèvement des mauvaises herbes qui avaient envahi les installations…)
Des dizaines d'autres champs restent fermés faute de moyens pour les exploiter et pour les entretenir. En mauvais état, les infrastructures risquent à chaque instant l'incendie ou d'autres accidents qui pourraient drastiquement réduire l'offre.
Reste la question centrale: à qui vendre tout ce pétrole fraîchement extrait sachant qu'il est impossible de l'exporter aux États-Unis en raison des sanctions? Là encore, tout est affaire de petites combines.
En passant par des hommes d'affaires mexicains et un vaste réseau de sociétés-écrans domiciliées dans des paradis fiscaux, le brut vénézuélien est discrètement exporté vers l'Asie, ni vu ni connu. En 1976, Valéry Giscard d'Estaing a donné un nouveau souffle au slogan inspiré à des publicitaires par les chocs pétroliers, «Quand on n'a pas de pétrole, on a des idées». Manifestement, mieux vaut aussi avoir des idées quand on en a.