Nos mains, bientôt libérées de leurs extensions technologiques? | Rohan Makhecha via Unsplash
Nos mains, bientôt libérées de leurs extensions technologiques? | Rohan Makhecha via Unsplash

Le smartphone est-il en voie de disparition?

C'est la thèse surprenante –mais pas sans fondement– d'analystes et d'économistes.

En 2007, soit il y a quelques secondes à l'échelle de l'histoire humaine, Steve Jobs annonçait la naissance du tout premier iPhone. Un téléphone avec un écran, un système d'exploitation, bientôt doté d'applications; un appareil dit «intelligent», qui allait très vite prendre une importance presque vitale dans nos existences et nos économies, et ouvrir un marché géant pour des dizaines de constructeurs.

Commerce, transports, vie sociale, vie amoureuse, banque, loisirs, musique, séries, photographie... Le smartphone est devenu une extension quasi bionique de nos doigts et de nos cerveaux, et se place au cœur d'à peu près toutes les activités humaines imaginables, jusqu'à en inventer de nouvelles.

Prédire la disparition prochaine d'un objet si universellement adopté semble donc plutôt osé. C'est pourtant, comme le rapporte Axios, un débat dont se sont emparé·es plusieurs économistes et analystes.

Saturation

Avec quatre milliards d'individus possédant un smartphone, et malgré des zones cherchant encore à rattraper leur retard en la matière, le marché sature d'ores et déjà. Comme le PC il y a quelques années, le smartphone serait actuellement au sommet de la S-curve [courbe en S] au sens de Roger Everett soit au maximum de son adoption, qui amorcerait donc un déclin.

D'éventuelles innovations technologiques pourraient permettre à la courbe de s'inverser et au smartphone de trouver un second souffle. Mais, explique l'analyste Benedict Evans à Axios, tout a déjà été fait et ce qu'il reste à inventer ne le sera qu'à la marge. Apple, par qui tout est arrivé, est d'ailleurs régulièrement épinglée pour son manque d'initiatives.

En conclusion d'un post publié sur son blog et intitulé sans ambage «The end of mobile», Evans se décrit comme un symptôme de cette stagnation commerciale contre lequel Apple et Samsung notamment essaient de trouver une parade, sans réel succès. «Voici où nous en sommes, nous essayons de comprendre ce que signifie le fait que la quasi-intégralité de la planète possède un téléphone ou un smartphone, écrit-il. Mais cela pourrait aussi signifier que nous sommes de retour à la case départ: je n'achète désormais plus les derniers modèles.»

Autre forme, autre nom

Mais si le smartphone est réellement condamné, par quoi le remplacer? Celles et ceux qui, allant un peu vite en besogne, commencent déjà à fleurir sa tombe, imaginent les assistants personnels, les objets connectés, les wearables prendre le relais. Leurs opposant·es n'y croient pas une seconde: c'est justement cette capacité à centraliser nos connexions en un unique objet qui fait la force du smartphone.

Ce qui ne signifie pas qu'il n'évoluera pas, jusqu'à peut-être changer intégralement de forme, voire de nom. «Peut-être appellerons-nous cet objet unique une smart digital identity plutôt qu'un smartphone», suggère Carolina Milanesi, analyste pour Creative Strategies, à Axios.

Les innombrables applications de la réalité augmentée pourraient aussi faire totalement muter l'objet smartphone –outre leur grande laideur, les Google Glass ont peut-être souffert d'être arrivées vingt ans trop tôt. Quant à James Cham, associé au fonds d'investissement Bloomberg Beta, il imagine déjà l'ère où tout objet aura disparu, remplacé par le simple contrôle de la pensée.

Un temps peut-être pas aussi lointain qu'il n'y paraît: Elon Musk, fondateur de Neuralink, travaille actuellement sur une interface cerveau-machine directe. En attendant que le futur soit aujourd'hui, il semble peu probable que nous abandonnions tous ces smartphones dont nos sommes si dépendant·es.

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