L'avenir de l'«alt-meat», la «viande alternative», semble brillant. Autour du monde, les consommateurs et consommatrices mangent de plus en plus de viande rouge. Or, la production de protéines animales est très gourmande en eau, en terres et en énergie, mettant les ressources terrestres sous pression.
Pour parer à cela, scientifiques et entreprises du secteur de l'agroalimentaire se sont engagées dans une course contre la montre pour trouver de nouvelles sources de protéines plus vertes. Ces tentatives, comme le steak végétal saignant par exemple, retardent le moment où nous devrons nous rendre à l’évidence et commencer à manger des fourmis.
La dernière trouvaille en date provient d’un lieu tout à fait inattendu: les sources chaudes volcaniques du parc national de Yellowstone, dans le Wyoming. Il y a une dizaine d'années, des scientifiques se sont rendu compte qu'elles contiennent des micro-organismes uniques. En les faisant fermenter, grâce à une technique similaire au brassage de la bière, il est possible de produire une substance comestible et riche en protéines.
33 millions récoltés
Cette découverte a donné naissance à une nouvelle start-up, nommée Sustainable Bioproducts. Selon Thomas Jonas, son PDG, le nouvel aliment protéiné a un goût neutre, et peut par exemple être mélangé dans un yaourt ou prendre la forme d’un steak. Il est, ajoute-t-il, riche en acides aminés, qui se trouvent essentiellement dans des produits d’origine animale et peuvent être difficiles à intégrer dans une alimentation exclusivement vegan.
Sustainable Bioproducts a attiré l’attention de poids lourds de l’industrie agroalimentaire. Elle s’est publiquement lancée ce lundi avec la somme de 33 millions de dollars provenant du fonds d’investissement 1955 Capital ainsi que de Danone et d'Archer Daniels Midland, une gigantesque multinationale agricole.
Les fonds sont utilisés pour construire une usine de production et préparer une série d’aliments prototypes. Cet intérêt de la part de l'agro-industrie n’est pas surprenant: selon Thomas Jonas, sa méthode ne nécessite que des cuves de brassage, au lieu de champs immenses ou de fermes industrielles. Un petit pas pour la protéine et, peut-être, un grand pas pour la survie de l'espèce humaine.