Pour l'œil non averti, le bureau de Bruce Pascal que décrit The Hustle est simplement une ode à l'infinie série de voitures-jouets américaine Hot Wheels, produite par Mattel.
Une immense peinture murale de la marque aux tons oranges s'étend du sol au plafond. Au centre, sous un bureau de verre, le soixantenaire a aligné des dizaines de modèles. Dans d'autres pièces de sa maison, il entrepose plusieurs centaines de ces mini-voitures, pour la plupart fabriquées entre 1968 et 1977.
Sa collection –la plus chère au monde– est pourtant bien plus qu'un dada: elle est un trésor, qui vaut 1,5 million de dollars, soit 1,26 million d'euros. «Il n'y a peut-être que dix personnes dans le monde qui connaissent la valeur de ce que je possède, alors si je meurs demain, sans tout documenter, je suis foutu», raconte Pascal à The Hustle. Il possède notamment de nombreux prototypes qu'il a acquis auprès d'ancien·nes employé·es de Mattel, pour des sommes allant de 20.000 à 50.000 dollars.
«Ma femme vendrait sûrement mes [voitures] dans un vide-grenier pour 25 centimes la pièce», renchérit Mile Zarnock, un professeur de mécanique new-yorkais qui possède quant à lui la plus grande collection de Hot Wheels, estimée à 30.000 dollars.
La bourse des voiturettes
Sur eBay, les modèles les plus convoités se vendent pour des milliers de dollars. Pour donner une idée, un lot de huit voitures de 1998 a atteint 20.000 dollars, et une vieille Barracuda Bronze de 1968 est partie pour 15.000 dollars.
Mais comme toute collection qui n'a pour valeur que ce que des fans dévoué·es sont prêt·es à payer, les prix fluctuent énormément –comme à la bourse. «Beaucoup de ces collectionneurs payent beaucoup trop d'argent, et ont ensuite de grosses surprises lorsqu'ils découvrent ce que leur voiture vaut vraiment sur le marché», constate Bob Young, «chasseur de Hot Wheels» auto-proclamé.
Sa spécialité: traquer dans les vide-greniers et les brocantes les collections oubliées de voiturettes. Il les achète ensuite pour 50 à 70% de leur valeur auprès de leurs propriétaires, puis se charge de vendre les mini-véhicules individuellement, avec l'aide d'un associé de longue date.
Malgré leurs valeurs financières, ces collections ne sont pas qu'une histoire d'argent. Leurs propriétaires sont pour la plupart des nostalgiques, qui faisaient partie des 41 millions d'enfants s'étant arrachés les jouets entre 1970 et 1980.
«Mon grand-père était l'un des plus grand historiens des automobiles aux États-Unis», se remémore Bruce Pascal. «S'il pouvait voir ma collection, je suis sûr qu'elle le ferait sourire. Parce qu'au bout du compte, je fais tout ça par amour des voitures.»