Si nous sommes encore loin de voir nos routes et périphériques embouteillés de véhicules se conduisant sans qu'il y ait besoin de chauffeur, l'automobile autonome est une réalité qui se rapproche à grande vitesse. Le luxe de ne rien avoir à faire a néanmoins un prix, comme vient de le rappeler une double sortie de Thomas Ulbrich, l'un des pontes de Volkswagen, dans le journal allemand Die Welt et pour Top Gear.
Selon lui, le constructeur pourrait ainsi facturer 7 euros chaque heure de conduite autonome de l'un de ses véhicules. «Dans le domaine de la conduite autonome, nous songeons à passer à un calcul horaire, avec un prix que nous pensons être de 7 euros par heure. Donc si vous souhaitez vous laisser porter trois heures, il vous en coûtera 21 euros», a-t-il ainsi expliqué.
Ces propos font suite à un discours similaire –mais non chiffré– tenu par Elon Musk à propos de l'Autopilot et de l'option Full Self Driving de Tesla, encore en beta et apparemment loin du compte en matière d'efficacité et de sécurité.
L'enjeu est ici de déterminer le modèle économique du bond technologique et des transformations profondes des usages que représentera l'avènement de la conduite autonome –et du temps, cette denrée si précieuse et profitable, qu'elle libèrera pour les automobilistes.
La manne horaire
Pour les constructeurs, le modèle est-il viable si un «surcoût à trois zéros», pour reprendre les termes de Thomas Ulbrich directement dirigés contre la politique tarifaire de Tesla, est appliqué à l'achat d'un véhicule capable d'autonomie complète? Ou ces heures qui s'accumulent peuvent-elles se transformer en une nouvelle manne infinie de revenus pour les marques?
C'est semble-t-il à la seconde solution sur laquelle Volkswagen a jeté son dévolu: de tels abonnements horaires pourraient, à terme, lui permettre de récolter des centaines de millions de dollars de profits annuels et ne pas repousser des automobilistes hésitants à payer un important surcoût pour une option dont ils ne sont pas certains d'avoir l'utilité constante.
L'idée de faire payer des abonnements ou options divers et variés aux automobilistes n'est pas tout à fait nouvelle. Tesla s'est faite championne de cette formule. Dès 2016, elle réclamait ainsi 9.000 dollars pour débloquer, à distance, une plus grande autonomie kilométrique de sa Model S. Parmi d'autres formes de premiums à payer, l'assurance qu'elle propose est également pour elle une éventuelle –et éventuellement colossale– forme de revenus réguliers.
Dans cette optique de «car as a service» ou de «pay to use», BMW a également testé l'idée d'options (pourtant basiques) payantes, déblocables par mise à jour logiciel.
En ce qui concerne l'autonomie, de savants calculs restent à faire, tant du côté de l'industrie que de sa clientèle. Combien une heure de liberté vaut-elle? Selon une étude rapportée par Ars Technica, les conducteurs donnent à leur temps passé derrière un volant une valeur comprise entre 20 à 40% de leur salaire horaire.
«Étant donné que le salaire américain moyen tourne autour de 52.000 dollars par an, soit environ 26 dollars par heure, Volkswagen n'est pas forcément déraisonnable quant à la tarification annoncée», conclut Tim de Chant d'Ars Technica.