Après être resté en retrait depuis le début de l'épidémie de Covid-19, Warren Buffet et sa société d'investissement Berkshire Hathaway ont effectué leur première transaction majeure depuis des mois en achetant les pipelines et unités de stockage de gaz naturel de Dominion Energy.
Les 9,7 milliards de dollars [8,6 milliards d'euros] investis sont un choix plutôt classique pour Berkshire –le milliardaire souhaite que l'énergie renouvellable devienne l'un de ses domaines de prédilection. Moins traditionnel en revanche sera le gaz qui transitera par une partie de ces pipelines.
Dominion Energy a l'an dernier noué un partenariat avec Smithfield, le plus grand producteur de viande de porc au monde, afin de récupérer les gaz émis par son bétail. Les millions de bêtes réparties dans les fermes géantes de Smithfield produisent des tonnes d'excréments et d'urine, qui produisent à leur tour du méthane, un gaz à effet de serre rejeté dans l'atmosphère.
Les deux entreprises, pas franchement connues pour leurs prouesses écologiques ont pour projet de devenir les «plus grandes fournisseuses de gaz naturel renouvelable des États-Unis». Pour cela, les puits de fumier sont désormais surmontés de bulles de plastique qui gonflent lorsqu'elles se remplissent de gaz.
Gaz porcin
Dominion va ensuite siphonner le gaz de ces dômes puis l'injecter dans ses pipelines. L'entreprise affirme que son projet présente un double avantage: fournir du gaz naturel, tout en retirant de l'atmosphère des substances néfastes.
Lors de la décennie à venir, Dominion devrait investir 650 millions de dollars [575 millions d'euros] dans ce genre de projets liés à l'agriculture, Smithfield contribuant à hauteur de 250 millions de dollars [221 millions d'euros].
Cela devrait permettre de produire 226 millions de mètres cubes de gaz naturel par an. Une belle opération pour Dominion, qui va pouvoir désormais se concentrer sur ce genre de projets, en laissant ses pipelines à Berkshire Hathaway.
La firme devient ainsi un acteur majeur du gaz naturel aux États-Unis, alors que son ADN était jusqu'alors à l'opposé des énergies renouvelables. Elle tire ses racines du charbon des Appalaches. En 1995, il représentait encore plus de la moitié de l'énergie produite par l'entreprise.
La manœuvre lui permet également de s'adapter à la nouvelle législation de l'État de Virginie, où elle est basée, dont l'ambition est de totalement décarboner son énergie d'ici à 2045.