Lewis Smithingham, qui travaille dans la publicité à New York, cherchait depuis des semaines à organiser une réunion virtuelle avec un analyste financier. Comme celui-ci annulait chaque réunion, Smithingham lui a proposé d'aller «braquer une banque dans Grand Theft Auto (GTA)».
L'analyste n'était pas très bon à ce jeu vidéo, mais les deux se sont bien amusés et ont depuis gardé contact, y compris pour parler affaires. Lorsque le publicitaire l'appelle, il lui demande parfois: «Tu te souviens de la fois où on a échappé aux flics avant de percuter un séparateur d’autoroute?»
Des personnes en télétravail depuis le déconfinement cherchent ainsi à échapper à des journées qui ne sont qu'un long enchaînement de réunions sur Zoom. Cela permet aussi de former des souvenirs partagés, ce qui est important pour les relations professionnelles. «C'est mon golf», résume Lewis Smithingham.
«Je lui ai offert 100 appâts à poisson»
Cela n'a toutefois rien d'évident: l'action peut interrompre la discussion, sans parler des éventuels bugs techniques –qu'ils concernent le jeu ou la téléconférence.
Le jeu vidéo où Smithingham rencontre le plus de succès est Animal Crossing: il y soigne son apparence et y choisit ses prospects. «La première fois que j'ai rencontré cette cliente, je lui ai offert 100 appâts à poisson, ce qui est un cadeau assez extravagant», assure-t-il.
Il y a une dizaine d'années, l'idée d'effectuer des rendez-vous professionnels dans des mondes virtuels avait connu un certain enthousiasme: plus de 1.400 entreprises et organisations étaient alors présentes chez Second Life.
Le fondateur de la société Heisholt Inc. a quant à lui créé un espace de brainstorming sur Minecraft pour ses employé·es. Et c'est d'ailleurs depuis cet espace qu'il a reçu le journaliste du New York Times, l'invitant à se mettre à l'abri avant que ne sortent les monstres qui peuplent le jeu à la nuit tombée.