«Tax us more» [taxez-nous plus]: c'est ce que demandent dix-huit grandes fortunes américaines, dont l'homme d'affaire George Soros et le co-fondateur de Facebook Chris Hughes via une lettre ouverte à l'intention des candidat·es à la présidentielle américaine de 2020, publiée le 24 juin dans le New York Times.
Alors que Warren Buffet, quatrième fortune mondiale, déclarait en février dernier sur CNBC vouloir être lui aussi davantage imposé, d'autres très riches décident de lui emboîter le pas. «Tout nouveau dollar émanant de nouvelles taxes doit venir des plus aisés financièrement, pas des Américains de la classe moyenne ou populaire», affirment les personnes à l'origine de cette lettre.
Les signataires souhaitent que soit mise en place une taxe sur le patrimoine des 0,1% Américain·es les plus fortuné·es qui gagneraient, selon une étude des économistes Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, presque autant que 90% de la population du pays.
Une idée soutenue par plusieurs candidat·es à la primaire démocrate et tout particulièrement par la sénatrice Elizabeth Warren. Celle-ci propose de taxer les ménages qui disposent de plus de 50 millions de dollars d’actifs (environ 45 millions d’euros), ce qui représente environ 75.000 familles outre-Atlantique.
Elizabeth Warren chiffre à 2.750 milliards de dollars (2.400 milliards d’euros) les retombées possibles sur dix ans. Une somme qui représente à peu près le montant du PIB français et qui constituerait un gain considérable pour l'économie américaine.
Lutte pour l'égalité
La frange la plus aisée de la population américaine serait-elle devenue folle? Pourquoi reprendre des idées dignes de la gauche française?
L'initiative repose sur un constat établi par Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman dans un rapport de 2016: proportionnellement, les 0,1% les plus riches de la population américaine payent en moyenne moins d'impôts que la majorité écrasante des 99% restants –3,2% contre 7,2% cette année. «Ce déséquilibre rend la mobilité sociale plus difficile pour les Américains de la classe ouvrière. L'imposition des richesses extraordinaires devrait être une priorité», écrivent les spécialistes de l'économie.
Surtout, certaines grandes fortunes commencent à prendre au sérieux les enjeux de notre temps. Selon les signataires de la lettre ouverte, les gains réalisés grâce à ce nouvel impôt permettraient d'aider à résoudre la crise climatique, d'améliorer l'économie du pays et son système de santé et de renforcer l'égalité ainsi que le modèle démocratique des États-Unis.