La viande artificielle va-t-elle sauver le monde? Depuis 2013 et la présentation du premier hamburger créé in-vitro, le marché de l'alt-viande explose. Ses plus optimistes défenseurs voient en cette nouvelle substance une solution pour mettre fin à l'élevage industriel, un progrès significatif pour l'environnement et la possibilité de nourrir une population qui aurait renoncé à se comporter en carnivore à l'horizon 2050.
La viande artificielle créée pour les burgers de Impossible Food ou Beyond Meat, les deux leaders américains du secteur, n'est pas plus saine, pas moins transformée, aussi riche en acides gras saturés que celle d'un burger classique. Tout simplement parce que ce n'est pas la raison d'être de son existence.
Les aliments transformés n'ont pas la cote
Un aliment transformé n'est pas essentiellement mauvais. Nombre de personnes à travers le monde y puisent leurs apports nutritionnels. Ils permettent en outre de réduire le gaspillage alimentaire. Nourrir la planète entière grâce à des produits bios issus de terres saines n'a pas encore dépassé le stade de l'utopie.
Nous avons besoin de ces produits transformés que sont l'huile d'olive, la majorité des fromages (à prix accessibles) ou les petits pois en boîte. La véritable question à soulever, c'est celle des ingrédients qui sont ajoutés au cours de cette transformation industrielle.
Acides gras saturés, sucres, additifs pour intensifier le goût sont responsables de la mauvaise réputation qui colle aux aliments industriels –à raison, clament nombre de scientifiques. En tant que personnes qui consommons, ce sont ces composants que nous devrions chasser sur les étiquettes au lieu de nous méfier de la transformation en tant que telle.
Si nous voulons dispenser les protéines nécessaires à l'ensemble de la planète, il nous faut inventer des manières adéquates de transformer les aliments.
Copier le bon (et ce qui l'est moins)
C'est là qu'intervient la viande artificielle. Les burgers d'Impossible Burger et Beyond Meat comme ceux de leurs différents concurrents peuvent difficilement être qualifiés de sains. Ils contiennent autant de sodium, d'acides aminés et d'acides gras saturés que les burgers traditionnels des chaînes de fast-food classiques.
Ces entreprises ne cherchent pas à rendre les burgers meilleurs pour la santé, moins transformés ou allégés en calories. Elles souhaitent en revanche imposer des burgers vegans ou végétariens (ce n'est pas toujours le cas à 100%, comme pour l'imitation vegane du Whopper de Burger King), capables dans un avenir proche de se montrer moins gourmands en coûts de production et plus soucieux de leur empreinte carbone que ceux à base de viande animale, tout en conquérant le cœur encore saignant des irréductibles carnivores.