Selon le Bureau américain des statistiques du travail (BLS), le métier de pêcheur est le job le plus risqué est monde. En septième position arrive celui de chauffeur-livreur.
Quand on travaille pour Amazon, c'est bien pire encore: selon une étude du Strategic Organizing Center, une coalition de syndicats américaine, le taux de blessures des chauffeurs de livraison d'Amazon (officiellement classés comme entrepreneurs) est 50% plus élevé que celui des chauffeurs UPS, qui effectuent pourtant un travail équivalent.
L'organisation accuse Amazon d'entretenir une «obsession pour la vitesse» dont le «coût est très élevé pour la main-d'œuvre».
Le site Motherboard illustre parfaitement la façon dont l'algorithme d'optimisation pour la livraison (connu sous le nom d'Amazon Flex) fait prendre des risques inconsidérés aux chauffeurs.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas au volant qu'ils s'exposent le plus aux accidents. Lorsqu'un conducteur doit effectuer des livraisons à plusieurs adresses proches, l'application Flex les combine en un seul arrêt.
Or, les bâtiments se situent fréquemment de chaque côté de la route. Les pauvres livreurs chargés de colis se retrouvent contraints et forcés de slalomer entre les voitures qui foncent à toute vitesse.
Cadences infernales
Bien qu'Amazon se défende de faire courir des risques à ses chauffeurs, de nombreux témoignages vont dans le sens contraire. «Parfois, on doit livrer six colis d'un côté de la rue et sept de l'autre côté», soupire un chauffeur Amazon de Charleston (Caroline du Sud). «Sur les autoroutes à quatre voies, je préfère encore me garer sur l'îlot central plutôt que de traverser la route au crépuscule.»
L'application permet certes de faire des demi-tours ou des marches arrières, mais cela fait perdre un temps précieux alors que les livreurs sont soumis à un cadence infernale, avec jusqu'à 400 colis à livrer en dix heures.
Et si par malheur les livreurs se garent provisoirement sur une place non autorisée, ils peuvent être licenciés. Les chauffeurs se plaignent également de la minimisation artificielle de la charge de travail qu'induit ce système. «Cela permet à Amazon de compter 200 arrêts là où il faudrait normalement en compter 240», explique un livreur de Windsor (New York).
Ce n'est hélas pas le seul domaine où l'obsession d'Amazon pour la productivité conduit à mettre le personnel en danger. Dans les entrepôts, les salariés sont aussi deux fois plus susceptibles d'être blessés que ceux de Walmart à poste équivalent, indique le rapport du Strategic Organizing Center.
En 2019, le taux de blessures chez Amazon était ainsi de 8,8 pour 100 travailleurs à temps plein, près du triple de la moyenne (2,8 pour 100 travailleurs).
Le 17 mai dernier, Amazon a présenté son nouveau programme de «santé et bien-être au travail» basé sur «les activités physiques et mentales, des exercices de bien-être et de saines habitudes alimentaires». Est-il également prévu un entraînement au jeu Crossy Road pour les chauffeurs?