Jeudi 25 avril, la ministre de la Santé a annoncé que la carte vitale serait progressivement remplacée par une application smartphone. Pour nombre d’entre nous, le tout numérique facilite la vie. Il existe une appli ou un site internet pour tout: plus besoin de se déplacer, de réunir des documents introuvables ou de conserver d’innombrables cartes.
Certes. Mais à condition de bien connaître ces outils que sont les smartphones et internet. Ce qui est loin d’être le cas de tout le monde: pour certain·es, en particulier les personnes âgées, l’obligation de passer par des systèmes mal ou pas maîtrisés du tout est un facteur de grande vulnérabilité.
Aux États-Unis, les habitué·es de l'arnaque en profitent pour appeler des personnes de préférence âgées en se présentant comme des employé·es d’entreprises bien établies, telles que Microsoft ou Apple, afin de leur annoncer que leur ordinateur est contaminé par un virus et qu'ils seraient heureux de les en débarrasser –une «aide» évidement facturée à ces victimes faciles à tromper.
Aucune entreprise des nouvelles technologies n’opérerait un tel démarchage. Mais les personnes les moins averties peuvent y croire. D’autant qu’en cas de virus avéré, elles seraient incapables de s’en débarrasser elles-mêmes et tiennent donc à ne prendre aucun risque.
Proies faciles
Selon la FTC, l’agence américaine de régulation d’internet, 55 millions de dollars (environs 49 millions d’euros) ont été dérobés dans ce type d’arnaques en 2018. Et les plus de soixante ans sont cinq fois plus touché·es que les autres. Le FBI estime quant à lui que c’est l’un des types d’arnaque à expansion les plus rapides: en 2017, l’agence a enregistré une flambée des pertes atteignant les 161%.
Ces chiffres ne concernent que les escroqueries notifiées à la FTC. Il est probable que beaucoup d’entre elles ne sont pas déclarées du fait de la honte d'en avoir été victime.
Comme les seniors sont souvent mal familiarisés avec leur ordinateur, ils ont plus peur que les autres d’avoir un problème qu’ils ne pourront résoudre. «Il y a beaucoup d’anxiété causée par les ordinateurs», explique Doug Shadel, un membre de la puissante AARP, une association de retraité·es.
La peur étant le mécanisme le plus efficace sur lequel repose une fraude réussie, les arnaques visent essentiellement des lignes fixes, afin de cibler les personnes les plus âgées. D’autant qu'elles ont tendance à faire plus confiance que les jeunes à leur téléphone et à répondre plus systématiquement aux appels de numéros inconnus.