Décidément, le bureau des évaluations du Pentagone ne retient pas ses coups. Après la fuite d'un rapport étrillant le porte-avions USS Gerald R. Ford, futur et dispendieux fleuron de la marine américaine, Bloomberg révèle qu'un second document de la même institution s'en prend cette fois aux aéronefs qu'il est supposé transporter.
Robert Behler, le directeur des tests et évaluations, souligne cette fois les défauts du F-35, jet de combat de «cinquième génération» construit par l'entreprise américaine Lockheed Martin, programme coûteux et polémique. D'après le rapport, ces avions multirôles «continuent de subir un grand nombre de déficiences, dont beaucoup étaient déjà identifiées».
Après une batterie de tests, le bureau a en effet compté pas moins de «871 défaillances logicielles et matérielles qui pourraient être dommageables à la disponibilité, aux missions ou à la maintenance» des appareils.
Pas d'amélioration
Pire encore, cet impressionnant nombre de défaillances est quasiment le même que celui détecté l'an dernier par le même bureau des évaluations: en 2019, 873 failles avaient été observées, soit deux de plus seulement.
L'avion est déjà largement utilisé par l'armée américaine, puisqu'il équipe l'US Air Force, l'US Marine Corps et l'US Navy. Quatorze nations alliées des États-Unis possèdent elles aussi des F-35. Le Pentagone continue de passer commande, sans compter que plusieurs centaines d'avions devraient encore être achetés dans les années à venir par la Turquie, le Canada ou Singapour notamment.
Les F-35 suivent en ce moment un programme de modernisation appelé «Block 4», qui devait se terminer en 2026. Mais Behler estime que ce programme «ne fonctionne pas». Il souligne des «essais en laboratoire et en vol trop peu nombreux, qui provoquent la découverte de nombreux nouveaux problèmes» souvent dus à la piètre qualité initiale du software de l'aéronef.
Cependant, «seulement» dix défaillances seraient de catégorie 1, c'est-à-dire susceptibles de mettre en danger l'appareil ou son pilote, ou l'empêcher de réaliser sa mission. Il existait 102 problèmes de ce type en 2018.
Lockheed Martin a répondu à ce rapport en expliquant que de toutes ces défaillances, 70% sont «considérées comme peu urgentes» et que parmi les dix de catégorie 1, sept disposent déjà de solutions «livrées au gouvernement».