C'est une révélation pour le moins embarrassante. Un avion russe classé secret défense aurait été pillé par des voleurs sur une base de Taganrog, près de Rostov, dans le sud du pays.
Surnommé «doomsday plane» par les États-Unis («l'avion de l'apocalypse», tout un programme), l'Iliouchine Il-80 est destiné au transport de personnalités officielles, notamment en cas d'attaque nucléaire, rapporte CNN.
Le forfait a été découvert au détour d'une inspection, d'après la police. Une trappe pour embarquer le fret a été ouverte et trente-neuf pièces d'équipement d'une valeur d'un million de roubles (11.140 euros) ont été dérobées à l'intérieur de l'avion, majoritairement du matériel de détection radio. Peu de détails ont été révélés sur le contenu exact du larcin, les équipements de l'appareils étant couverts par le secret défense.
Apocalypse sans hublot
Dmitri Peskov, l'attaché de presse de Poutine, a décrit l'incident comme une «situation d'urgence» lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. Il a assuré qu'une enquête est en cours et que «des mesures seront prises pour que cela ne se reproduise plus».
Il n'en reste pas moins que cet audacieux fric-frac, dont les coupables n'ont pas été retrouvés, pose question sur la sécurité du matériel militaire russe à l'heure ou Vladimir Poutine vante ses missiles hypersoniques, ses drones kamikazes et son arsenal de sous-marins lanceurs de torpilles.
Les dépenses militaires de la Russie ont ainsi progressé de 175% entre 2000 et 2019 selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. Des dépenses qui bénéficient largement à la recherche mais qui pèchent quelque peu sur les règles de base de sécurité, si l'on en croit ce qui vient de se passer.
On imagine que les voleurs sont toutefois plus intéressés par la valeur pécuniaire des équipements que motivés par l'espionnage. À moins qu'ils n'aient bénéficié de la corruption de quelques officiers, ce qui ne serait guère étonnant.
En attendant que l'équipement dérobé soit remplacé, la Russie peut compter sur trois autres modèles de l'appareil. Elle développe actuellement une troisième génération de ces doomsday planes, qui devrait entrer en service en 2025.
Les avions dits de l'apocalypse comme l'Iliouchine Il-80 peuvent décoller de n'importe quel aérodrome civil ou militaire, selon l'agence de presse d'État RIA Novosti. Chacun dispose d'un moteur puissant, d'installations de communication modernes et d'un système de survie qui lui permet de rester en vol pendant plusieurs jours.
Mis à part le pare-brise, ils ne disposent pas de hublot et n'ont qu'une porte d'embarquement, de telle sorte qu'ils sont protégés contre les impulsions électromagnétiques nucléaires. Très efficace, donc, contre une attaque nucléaire –apparemment moins contre contre un banal monte-en-l'air.