Sorte de do it youself (DIY) biologique, le biohacking concerne des profils très différents et la multitude de ses applications le rend difficile à définir. Globalement, il s'agirait de la volonté de manipuler son cerveau ou son corps dans le but d'en optimiser les performances, qui ne reposerait plus sur les méthodes de la médecine traditionnelle.
D'après Dave Asprey, biochacker et créateur d'une entreprise de compléments alimentaires, le biohacking s'apparente à «l'art et la science de changer son environnement extérieur et intérieur pour obtenir le contrôle total de son propre système biologique». Une idée de contrôle très présente chez nombre de pratiquant·es.
Une variété considérable de pratiques
Parmi les célébrités séduites par la pratique, on retrouve Jack Dorsey, cofondateur de Twitter et figure incontournable de la Silicon Valley. Bien qu'habitué à gober des quantités gargantuesques de compléments alimentaires, il est aussi un ardent défenseur du jeûne intermittent ou de la méditation, et enregistre ses cycles de sommeil.
Si ces pratiques semblent plutôt saines, quoique le jeûne intermittent peut faire courir des risques d'orthorexie chez certains sujets, d'autres biohackers n'hésitent pas à s'implanter des puces dans le corps ou à modifier leur ADN grâce à la technologie CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats soit «Courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées»).
D'autres ont recours à des perfusions de sang «frais» de jeunes donneurs dans l'espoir de retarder leur vieillissement – voire de l'empêcher. Des transfusions qui ne sont pas sans risque, comme le rappelait en février dernier la Food and Drug Administration (FDA) américaine.
Outre le sang, certain·es vont jusqu'à réaliser une transplantation de matière fécale, une opération étudiée de près par le monde médical et qui semblerait prometteuse en ce qui concerne la rémission et la guérison de certains troubles du système digestif, mais sur laquelle on manque encore de recul et d'études préliminaires.
Le mythe de l'éternelle jeunesse
Aussi diversifiées soit-elles, les pratiques du biohacking visent toutes à repousser les frontières biologiques du corps et du cerveau. Le rêve d'un être humain toujours plus intelligent, toujours plus fort, toujours plus jeune…
On voit bien ce que cette «philosophie» a de commun avec la pensée transhumaniste. Comme le confiait au journaliste de Vox Serge Faguet, entrepreneur russe de la Silicon Valley, rien de surprenant à ce que le biohacking se soit implanté si aisément dans cette région du monde:
«Ici, les gens ont un esprit technologique et pensent que tout peut être résumé et abordé comme un problème d'ingénierie», expliquait-il.