Alors que des manifestations historiques contre le racisme et les violences policières ont lieu aux États-Unis, des entreprises siphonnent les données de géolocalisation des smartphones des personnes qui sont descendues dans la rue et les revendent à des groupes politiques.
«Nous voulons nous assurer que nous utilisons toutes les options de notre boîte à outils pour atteindre les bonnes personnes», explique au Wall Street Journal Quentin James, le fondateur et président de The Collective.
Son entreprise travaille à faire élire les Africains-Américain·es et utilise ces données de géolocalisation pour envoyer des messages visant à pousser les personnes qui sont allées manifester à s'inscrire sur les listes électorales. Ils espèrent notamment toucher les Noir·es. «Nous n'avions jamais eu les fonds ou les ressources pour nous engager réellement dans ce genre de techniques», ajoute-t-il.
Désactiver la géolocalisation
La crise sanitaire et le confinement ont forcé les groupes politiques qui avaient parié sur la géolocalisation dans le but de cibler les groupes démographiques susceptibles de voter pour eux à mettre leurs stratégies sur pause. Mais dès que les gens sont retournés dans les rues, les organisateurs et organisatrices de campagnes se sont ruées sur l'occasion.
Ce ciblage géolocalisé consiste à sélectionner un événement (par exemple, une manifestation de soutien au mouvement Black Lives Matters à Detroit un après-midi) et à envoyer des publicités spécifiques à tous les téléphones qui étaient présents dans la zone à ce moment-là.
Depuis que le scandale de l'affaire Cambridge Analytica à révélé en 2018 qu'une entreprise collectait les données privées d'utilisateurs sans leur consentement pour les revendre afin de créer des publicités politiques ciblées sur Facebook, la question des données privées et de leur exploitation par des partis politiques est un sujet délicat aux États-Unis.
Le pouvoir de persuasion de ces publicités n'a pas été détecté (un échec institutionnel reconnu par le secteur) et aurait joué un rôle majeur dans l'élection présidentielle américaine de 2016. L'inquiétude qui entoure les données de géolocalisation est similaire: les utilisateurs ne savent généralement pas que leurs données sont récupérées, et encore moins à quoi celles-ci vont servir.
The Collective a par exemple travaillé avec VoteMAP, qui agrège les données de milliers d'applications de jeux, de divertissements, de météo… Ce sont ces dernières qui sont responsables de leurs termes et conditions et du respect des lois ainsi que des règles en vigueur. VoteMAP, de son côté, ne fait que rassembler puis exploiter les données.
La meilleure manière de se protéger? Aller vérifier les autorisations données aux applications dans les paramètres du téléphone, ne pas installer n'importe quelle application et désactiver la géolocalisation.