Avant que l'accord entre le Royaume-Uni et le bloc européen ne soit trouvé, c'était l'un des petits fantasmes théoriques que les médias, des deux côtés de la Manche, aimaient raconter pour illustrer les réalités de la rupture.
En redessinant ses frontières, le pays risquait des complications douanières infinies, et le contrôle voire la saisie de la nourriture que transportent les routiers pour subvenir à leurs besoins les plus primaires étaient souvent pris en exemples.
Grossière prophétie autoréalisatrice: Business Insider rapporte ainsi que des douaniers néerlandais ont été filmés par une chaîne de télévision locale en train de saisir les sandwichs de malheureux chauffeurs routiers ou conducteurs n'ayant rien demandé à personne, sinon le simple droit de croquer leurs clubs jambon-fromage achetés à Douvres.
Next time people tell you there's no new friction at the borders because of Brexit, you can show them this Dutch TV clip of drivers being stopped and having their lunches confiscated. pic.twitter.com/B9eZfDWKFB
— OwenAdamsYT (@OwenAdamsYT1) January 10, 2021
«Bienvenue dans le Brexit», dit l'un des cerbères bataves à l'une des personnes contrôlées. Si la présence d'une caméra de télévision fait subodorer une possible exagération des réalités du quotidien, on sent dans la séquence l'amertume d'une partie du continent après la rupture.
«Red tape»
«Depuis le Brexit, vous n'avez plus le droit d'importer certains aliments en Europe, comme la viande, les fruits, les légumes, le poisson, ce genre de choses», explique un douanier. Il reprend approximativement les règles, certes assez strictes, édictées par l'Union pour éviter tout risque sanitaire.
Attendues et logiques, ces nouvelles règles ne compliquent pas seulement la vie des douaniers, des voyageurs ou chauffeurs routiers devant passer la frontière entre le continent et son voisin d'outre-Manche.
Elles impactent depuis peu tous les Britanniques, qui peuvent constater certains vides dans les étals de leurs supermarchés habituels. Ceux-ci ont indiqué que les ruptures de stock dureront encore quelque temps.
En plein confinement, beaucoup préviennent: les souffrances qu'endurent les commerces et entreprises britanniques vont s'accentuer dans les prochains mois du fait de cette «red tape» (que l'on pourrait traduire par «paperasserie»), et de l'indescriptible chaos qu'elle crée aux points de contrôle qu'impose le Brexit. Les consommateurs devront également en payer le prix.