Après l'avoir retirée une première fois de son App Store puis réinstallée en invoquant un simple malentendu, Apple a définitivement effacé l'application HKmap.live de sa plateforme. Celle-ci, qui permet de localiser à Hong Kong cortèges, forces de police, affrontements ou jets de lacrymo, était un outil précieux pour les personnes manifestant quotidiennement pour réclamer plus de démocratie.
Pris dans la tourmente, Tim Cook s'est senti sommé de s'expliquer auprès de ses troupes sur cette dissonnance évidente entre les discours publics offensifs et progressistes de la firme et la soumission, en pratique, aux desiderata du gouvernement central chinois.
«[HKmap.live] permettait de cartographier et de signaler les contrôles policiers, les lieux dangereux des manifestations et d'autres informations», a écrit Cook dans un email envoyé à son personnel et rendu public par les développeurs de HKmap.live.
Marché contre principe
«Seule, cette information est bénigne, continue le CEO d'Apple. Mais au cours des derniers jours, nous avons reçu des renseignements crédibles de la part de l'agence de la cybersécurité et des crimes technologiques d'Hong Kong, ainsi que d'utilisateurs à Hong Kong, pointant que notre application était utilisée avec de mauvaises intentions pour violenter des officiers seuls et attaquer des individus et des propriétés où la police n'est pas présente.» Tim Cook ne donne aucun exemple précis de ces événements.
Cette justification publique arrive alors qu'Apple est déjà sous le feu des critiques après avoir obéi à la censure du gouvernement et retiré l'application Quartz News de l'App Store chinois au motif que l'application contiendrait «du contenu illégal en Chine», rapporte le média américain, qui couvre de manière extensive les manifestations à Hong Kong.
Un peu plus tôt en octobre, on découvrait qu'Apple avait subrepticement dissimulé sur son iOS l'emoji du drapeau taïwanais en Chine continentale et dans l'ex-territoire britannique.
La Chine, troisième plus grand marché pour Apple, a généré plus de 52 milliards de dollars [47 milliards d'euros] en 2018 pour l'entreprise, principalement grâce aux iPhones, dont les ventes souffrent pourtant dans le pays asiatique. Peut-être Tim Cook préfère-t-il appliquer à sa firme des principes à géographie variable plutôt que se mettre à dos une telle source de revenus.