En 2020, les barrages hydroélectriques ont fourni un sixième de la production mondiale d'électricité, soit plus que toutes les autres énergies renouvelables combinées. «L'hydroélectricité joue aujourd'hui un rôle clé dans la transition vers l'énergie propre, non seulement grâce aux quantités massives d'électricité à faible teneur en carbone qu'elle produit, mais aussi en raison de ses capacités inégalées en matière de flexibilité et de stockage», écrit l'Agence internationale de l'énergie dans un rapport de juin 2021.
Seulement voilà, cette énergie cruciale pour la transition énergétique est menacée par un phénomène causé par le changement climatique lui-même: la sécheresse. Depuis quelques années, de graves pénuries ont entraîné une chute dramatique du niveau d'eau des barrages, rapporte Reuters. En août, la centrale hydroélectrique Edward Hyatt située sur le lac d'Oroville en Californie a ainsi dû fermer pour la première fois depuis sa construction en 1967, le réservoir du lac n'étant plus qu'à 24% de sa capacité totale.
L'immense centrale hydroélectrique du barrage de Hoover à la frontière du Nevada et de l'Arizona n'a tourné qu'à 25% de sa capacité en juillet dernier. Au Brésil, où l'hydroélectricité représente 61% de la production électrique nationale, le niveau d'eau dans les barrages n'avait pas été aussi bas depuis quatre-vingt-onze ans, selon le ministère de l'Énergie. En Chine, la sécheresse a entraîné «la pire pénurie d'énergie depuis 2011», obligeant de nombreuses usines à fermer plusieurs jours par semaine.
Le phénomène est mondial. En 2018, un printemps particulièrement chaud et sec a entraîné une baisse de 22% de la production du producteur d'État norvégien Statkraft, essentiellement basée sur l'hydroélectricité.
Le verre à moitié vide ou beaucoup trop plein
La sécheresse n'est pas la seule à mettre à mal cette source d'énergie. Au Malawi, des inondations et l'accumulation de débris ont forcé deux centrales hydroélectriques à fermer, ce qui a divisé par six la production hydroélectrique du pays, selon Reuters.
Le succès de l'hydroélectrique pousse les gouvernements à construire toujours plus de barrages géants. Seulement, ces méga-projets concentrent les risques au même endroit et les rendent plus vulnérables aux incertitudes climatiques grandissantes.
En Afrique de l'Est, la production hydroélectrique est de plus en plus centralisée dans les bassins du Nil et du Zambèze. Sauf que la région est sujette à des précipitations très variables, met en garde une étude publiée dans Nature Energy. La Chine vient également de mettre en service la deuxième plus grande centrale hydroélectrique au monde sur le Yangtsé. Des projets à plusieurs milliards d'euros dont la rentabilité risque d'être mise à mal.