Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le régime chinois censure à bâtons rompus. Il est encore aujourd'hui très difficile d'évoquer le virus avec un autre regard que celui, officiel, dicté par le gouvernement, qu'elle opère dans les médias, sur les réseaux sociaux et même dans les jeux vidéo.
Récemment, un jeu vidéo intitulé Coronavirus Attack a été banni de la plateforme Steam en Chine, nous apprend Abacus. Et pour cause: le but de ce jeu est d'empêcher des «zombies égoïstes» de contaminer le monde entier. Les gamers doivent y lancer des projectiles en forme de virus sur ces créatures afin de les neutraliser.
Les choix scénaristiques et esthétiques (des virus jaunes sur un fond rouge, caricaturant le drapeau chinois) du créateur et développeur MythZsGame sont également très orientés politiquement. En témoignent les noms de certaines missions, on ne peut plus clairs, tels «Taiwan n'est pas la Chine» ou «Libérez Hong Kong».
Selon son créateur, Coronavirus Attack est un moyen de protester contre le gouvernement chinois et une critique de celles et ceux qui ont fui la ville de Wuhan avant la mise en place de la quarantaine –les fameux zombies égoïstes.
Contourner la censure
Dans un marché strictement vérouillé par les autorités centrales, les joueurs et joueuses chinois·es ont toutefois l'habitude de voir des contenus être censurés et emploient des solutions détournées pour passer outre.
Si le jeu MythZsGame est en effet bloqué sur le Steam chinois, il ne l'est pas sur la version internationale, qui peut être téléchargée par tout le monde. Coronavirus Attack a d'ailleurs reçu sur sa page Steam de nombreux commentaires écrits en mandarin.
Sur le reste du marché vidéoludique, le constat est similaire. La Switch, console de la firme japonaise Nintendo, circule sous différentes versions à travers la Chine: une version censurée, produite par le géant Tencent et ne pouvant faire tourner que trois jeux de la licence Mario, vendue à un prix de 296 dollars [environ 273 euros] et la version classique à 566 dollars [quasi 522 euros], qui peut s'acheter sur des sites de e-commerce et qui permet de jouer à tous les titres disponibles sur la plateforme.
Malgré la différence de prix, le choix est vite fait pour les fans de jeux vidéo qui, selon Abacus, ont largement privilégié la Switch traditionnelle au cours des derniers mois.