Ne pas reconnaître officiellement l'indépendance de Taïwan, tout en conservant une «robuste relation non officielle» avec l'île et en maintenant le flou quant à sa réaction en cas d'attaque. C'est le fil d'équilibriste, baptisé «ambiguïté stratégique», sur lequel marche précautionneusement la diplomatie américaine depuis 1979.
Depuis son arrivée au pouvoir, Joe Biden a plusieurs fois semblé dévier légèrement de cette position, en insinuant que les États-Unis pourraient défendre militairement l'île à moins de 200 kilomètres des côtes chinoises.
Si à chaque fois, la Maison Blanche s'est rapidement empressée d'assurer que la situation n'avait pas changé, les États-Unis mettent la pression sur la Chine, afin qu'elle ne prenne pas exemple sur la Russie.
En effet, quels qu'en soient les paramètres, une tentative d'invasion finirait très probablement en massacre, à la fois pour Taïwan et pour l'armée chinoise. CNN a tenté d'imaginer les conséquences de plusieurs scénarios.
Combat naval asymétrique
Une invasion maritime pourrait présenter un scénario similaire à celui qui s'est déroulé lors de la première phase de l'invasion de l'Ukraine, mais avec des navires à la place des tanks.
Bien que l'Armée populaire de libération dispose désormais de la plus importante marine du monde (360 navires de combat, contre 300 seulement pour les États-Unis), la traversée des 170 kilomètres nécessaires pour arriver à Taïwan pourrait être extrêmement périlleuse.
L'île dispose de larges stocks de missiles antinavires peu coûteux: «Taïwan produit ces armes en masse et ce n'est pas comme si la Chine pouvait toutes les intercepter», explique à CNN Phillips O'Brien, un spécialiste en stratégie militaire.
L'autre stratégie serait donc une attaque concentrée dans les airs. Ici, la Chine aurait encore une fois certainement l'avantage de la masse, avec près de 1.600 avions de combat disponibles, contre moins de 300 pour Taïwan. Tout dépendrait donc de l'intervention ou non des États-Unis et de savoir s'ils sont prêts ou non à approcher leurs porte-avions de côtes ennemies. Mais même dans ce cas là, l'issue resterait incertaine.
Malheureusement pour les civils, l'état-major chinois a probablement constaté, avec l'invasion de l'Ukraine, que la conquête terrestre est difficile lorsque le territoire ennemi est encore intact.
«Ils ont soigneusement appris de ce qu'on a fait pendant l'opération Tempête du désert et au Kosovo», détaille Thomas Shugart, un ancien marine désormais analyste militaire. Ces deux opération avaient été entamées par des centaines de milliers de sorties aériennes, vouées à effectuer des bombardements destructeurs.
Cependant, la situation peut encore changer. D'après les renseignements américains, la Chine souhaite que son armée soit en capacité d'envahir l'île «d'ici à 2027». Soit demain, ou presque.