Il y a dix ans était arrêté le responsable de l'arnaque la plus profitable de l'histoire. Bernard Madoff, un homme d'affaires new-yorkais, était condamné à 150 ans de prison pour avoir mis en place une chaîne de Ponzi qui aurait brassé plus de 50 milliards de dollars (45,5 milliards d'euros).
Dite «pyramidale», cette arnaque promet à des investisseurs un retour sur investissement très élevé, payé grâce aux personnes qui investissent après elles. Tout marche tant que de nouveaux pigeons entrent dans le système.
Mais le nombre d'arrivant·es doit être exponentiel –ils et elles finissent donc forcément par manquer, et celles et ceux qui n'ont pas quitté le système à temps perdent tout.
La chute de Madoff a poussé la Securities and Exchange Commission (SEC, le gendarme des marchés financiers) à renforcer ses dispositifs anti-fraude. Mais le New York Times explique que son arrestation n'a pas échaudé les escrocs, au contraire: dans la décennie qui a suivi l'affaire, la SEC a eu à traiter 50% d'affaires concernant des systèmes de Ponzi de plus que lors de la période précédente.
D'après les analyses du journal, la SEC aurait poursuivi 195 affaires impliquant 301.000 victimes et 8,5 milliards de dollars (7,7 milliards d'euros) dans les dix ans pré-Madoff. Les dix années suivantes, ce sont 291 affaires sur lesquelles elle s'est penchée, concernant 4,3 millions de personnes et un montant total de 31,1 milliards de dollars (28,3 milliards d'euros).
Plumer moins pour mieux plumer
Certes, les méthodes améliorées de la SEC sont à prendre en compte dans ces chiffres en hausse. Mais regardées de près, ces données montrent aussi que les méthodes d'escroqueries ont évolué.
L'affaire Madoff a été découverte en 2008, à l'occasion de la crise financière, alors que le New-Yorkais promettait de faire des miracles à Wall Street. Seulement, la crise a aussi miné la confiance accordée aux marchés financiers.
Une mauvaise nouvelle pour les escrocs qui, comme Madoff, profitaient souvent de l'image dont bénéficiait à l'époque le monde de la finance: un eldorado hermétique pour les profanes mais extrêmement rémunérateur pour qui en maîtrise les codes.
Les arnaqueurs et arnaqueuses ont donc dû apprendre à retomber sur leurs pieds. Plutôt que la bourse, la moitié des 291 cas étudiés par la SEC depuis 2009 concernaient des produits aussi divers que des mines d'or ou des cryptomonnaies.
En plus de cela, certaines arnaques ont tendance à ne plus promettre monts et merveilles mais des profits modestes, afin de ressembler à un investissement plausible. Plumer moins pour mieux plumer, en somme.