Des membres de l'alt-right américaine à Portland, Oregon, en août 2019. | John Rudoff / AFP
Des membres de l'alt-right américaine à Portland, Oregon, en août 2019. | John Rudoff / AFP

Les liaisons dangereuses de Clearview avec l'extrême droite

Le patron du monstre de reconnaissance faciale, proche de l'alt-right, s'est associé à de nombreux extrémistes.

Avec trois milliards de photos aspirées sur les réseaux sociaux, la base de données de Clearview est sept fois plus importante que celle du FBI. Son application mobile permet d'associer un visage à un nom en quelques instants. Un véritable cauchemar pour la vie privée.

Déjà en affaires avec de nombreux services de police américains, l'entreprise serait aussi en discussion avec Washington pour suivre les personnes contaminées par le coronavirus, selon le Wall Street Journal.

Pour construire cette base de données, Clearview a violé les conditions d'utilisation de la plupart des réseaux sociaux, comme l'a révélé le New York Times en janvier. Mais ce n'est pas tout.

Son fondateur, Cam-Hoan Ton-That, 31 ans, est fortement lié à l'extrême droite américaine. Plusieurs extrémistes l'ont aidé à lancer l'entreprise, y ont travaillé ou y travaillent toujours, révèle une longue enquête du HuffPost.

Associés extrémistes

Ton-That se fait remarquer en 2009 en piratant des comptes Gmail. Il se rapproche ensuite de personnalités d'extrême droite pro-Trump: le conspirationniste Mike Cernovich, le hacker néo-nazi Andrew «Weev» Auernheimer et un ancien de Business Insider, Pax Dickinson.

Le milliardaire Peter Thiel, adepte des technologies de surveillance –notamment via Palantir– investit dans Clearview à partir de 2017. Depuis, la technologie a démontré tout son potentiel de nuisance.

Toute photo rentrée dans Clearview pour une recherche rejoint indéfiniment sa base de données. Il semble que l'entreprise puisse aussi espionner la police quand elle utilise son outil.

Pour lancer Clearview, Ton-That s'est associé discrètement avec l'entrepreneur Jeff Giesea, mécène et organisateur de l'alt-right, et le négationniste Charles «Chuck» Johnson, qui voyait la technologie comme un moyen d'«identifier tous les immigrants illégaux pour les escouades de déportation».

Bal des affreux

Selon le HuffPost, ont notamment travaillé pour Clearview (anciennement Smartcheckr): le suprémaciste blanc Tyler Bass; le propagandiste de l'alt-right «Ricky Vaughn» –pseudonyme de Douglass Mackey– et le fasciste Marko Jukic, qui a joué les commerciaux auprès des services de police.

Mais aussi des figures plus présentables, comme Jessica Medeiros Garrison, ancienne directrice exécutive de la Republican Attorneys General Association [association des procureurs généraux républicains] et contributrice du site conservateur Daily Caller.

Ou l'ancien avocat général des États-Unis, le républicain Paul Clement, chargé de convaincre les services de police que l'outil de Clearview respectait bien la législation sur la vie privée et les discriminations.

Selon le suprémaciste blanc Richard Spencer, Cam-Hoan Ton-That serait lui-même un adepte du mouvement néoréactionnaire («NRx» ou «Dark Enlightenment»), une sous-culture fascisante qui possède une certaine influence dans la Silicon Valley.

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