Les quelques astronautes qui ont posé le pied sur la Lune n'y sont restés qu'une journée tout au plus. La BBC s'interroge sur la construction d'une base viable sur plusieurs années.
Depuis que le dernier astronaute a quitté le satellite en 1972, les seules traces humaines consistent en quelques drapeaux, trois rovers et quatre-vingt-seize sacs de déchets.
«L'objectif de notre mission aujourd'hui, c'est de veiller à ne pas laisser de drapeaux ni d'empreintes de pas sans résultats futurs», explique Nujoud Merancy, cheffe de stratégie et d'architecture pour le développement des systèmes d'exploration de la NASA. «Nous voulons établir un travail préparatoire pour que le projet aille de l'avant.»
Jusqu'à présent, le plan est plutôt réussi. Artemis, le premier vol sans équipage organisé par la NASA vers la Lune, a rejoint la Terre après quatre semaines dans l'espace. Artemis II emmènera en 2024 les premiers astronautes en orbite lunaire, puis, au milieu de la décennie, deux astronautes de la mission Artemis III atteindront la Lune.
«Pour explorer la Lune, on a besoin d'un système de mobilité, l'équipage ne peut pas se déplacer à pied sur de longues distances, poursuit Merancy. Notre objectif est de construire un système capable d'organiser des excursions d'un mois.»
Toutefois, plus la durée de la mission est longue, plus les risques augmentent. «Nous faisons face à trois challenges majeurs: les radiations, les températures extrêmes et les impacts de météorites», énumère Aidan Cowley, conseiller scientifique à l'Agence spatiale européenne (ASE), à Cologne en Allemagne.
«Sur la Lune, on est exposé à des radiations solaires et aux rayonnements cosmiques à des doses bien plus dangereuses. Les températures peuvent atteindre 100°C la journée et -180°C la nuit», développe Cowley pour la BBC. «Puis, il suffit de regarder la Lune pour remarquer ses cratères, elle est constamment touchée par des micrométéorites qui détruisent tout ce qui se trouve à la surface.»
La NASA souhaite utiliser les ressources naturelles de la Lune
Plutôt que d'implanter des habitations construites sur la Terre, qui demandent un gros budget, Aidan Colwey suggère que la mission s'adapte à son environnement: «Si on regarde l'histoire de notre civilisation, à chaque nouveau déplacement, nous avons utilisé les ressources qui nous entouraient pour survivre.»
Bien que, comme le souligne la BBC, les ressources de la Lune ne soient à première vue pas évidentes à trouver –il n'y a pas de végétation, de nourriture ou de source d'eau–, elle en possède certaines: les rayons du Soleil et de l'eau glacée.
Les scientifiques et ingénieurs de l'ASE sont parvenus à fabriquer des briques en chauffant de la poussière dans un four solaire et en bombardant du régolithe avec des micro-ondes. Dans le futur, l'idée serait de fabriquer un constructeur de briques expérimental extraterrestre. Si cela fonctionne, ces briques pourraient servir à la construction de structures lunaires entières.
Nujoud Merancy ne promet pas la construction d'un village lunaire d'ici dix ans, mais elle est confiante quant à la présence de fondations humaines simples, capables d'accueillir des astronautes pour vivre et pour travailler, d'ici à la prochaine décennie.