Sommes considérables, résultats contestables. | Aris Messinis / AFP
Sommes considérables, résultats contestables. | Aris Messinis / AFP

Comment l'Europe dépense des millions en high-tech pour se barricader des migrants

Une véritable aubaine pour les industriels de l’armement.

Alors que les Européens ont été les premiers à s'offusquer lorsque Donald Trump a annoncé la construction d'un mur le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, l'Union européenne (UE) emploie elle-même des outils moins visibles, mais plus coûteux encore pour barrer la route des migrants.

Canons sonores, drones de surveillance, murailles numériques ou encore détecteurs de mensonges pour empêcher les flux d'illégaux: le Guardian a recensé la panoplie de technologies dont se servent les différents pays de l'UE pour se protéger de la «vague migratoire». L'efficacité de ces outils est sujette à caution et la commercialisation de ces derniers bénéficie à quelques entreprises spécialisées dans la sécurité.

L'an dernier, un contrat de 100 millions d'euros a ainsi été attribué par l'agence Frontex à Airbus et à deux start-ups israéliennes pour la livraison de drones scrutant les bateaux en provenance des côtes syriennes au large de Malte.

À sa frontière avec la Turquie, la Grèce a bâti une véritable «forteresse numérique», avec un mur high-tech bardé de caméras à longue portée, de projecteurs et de multiples capteurs.

Elle a en outre recours à de puissants canons sonores générant plus de 162 décibels qui «assomment» littéralement les intrus et peuvent provoquer des douleurs aigües.

Toujours à la frontière gréco-turque, un ballon dirigeable équipé de caméras et de transpondeurs transmet des images en temps réel. Ce dernier, mis en service en août, est capable de ratisser 40.000 km2 de mer à la recherche de bateaux tentant la traversée.

Forteresse Europe

En octobre, le Parlement polonais a approuvé la construction d'un mur de 350 millions d'euros à sa frontière avec la Biélorussie, truffé de détecteurs de mouvements, de barbelés et de caméras thermiques.

Sur l'île de Samos, la Grèce a ouvert en septembre un centre de réfugiés où les migrants sont sous l'œil des caméras 24 heures sur 24 avec un accès contrôlé par des empreintes digitales, des tourniquets électroniques et des rayons X. Coût: 43 millions d'euros, financé intégralement par des fonds européens.

Pour de nombreux spécialistes et députés européens, cette fuite en avant technologique est complètement inutile. «Avoir des drones n'empêche pas les gens de traverser la frontière, mais les pousse juste à prendre plus de risques», fustige Jack Sapoch, ancien membre de Border Violence Monitoring Network, une ONG qui documente les violations des droits humains commises par des États membres de l'UE.

«Et lorsque vous renforcez la sécurité à un endroit, les migrants se déplacent simplement ailleurs», poursuit-il. «L'Europe a transformé l'immigration en problème de sécurité», renchérit l'eurodéputée allemande Özlem Demirel.

En février, Le Monde révélait ainsi les liens douteux entre les institutions européennes et l'industrie de l'armement, alléchée par les moyens croissants dédiés à l'agence Frontex. Le marché du contrôle des frontières enfle chaque année de 8% et frôle désormais les 20 milliards d'euros, souligne le journal.

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