Février 2020. le Covid-19, un virus encore mystérieux, se répandait sur toute la planète à la vitesse grand V. La médecine ne savait plus où donner de la tête: valait-il mieux développer un vaccin? un médicament? La course contre la montre battait son plein pour vaincre cette crise sans précédent. Les cordons de la bourse se sont désserrés de toutes parts. Des milliards provenants d'États, de laboratoires pharmaceutiques et de fortunes personnelles ont servi aux scientifiques pour mener à bien leurs recherches.
Parmi ces donateurs figure Steve Kirsch, un entrepreneur de la Silicon Valley dont le portefeuille est estimé à 230 millions de dollars (199 millions d'euros). Armé de sa fortune personnelle et de donations récoltées auprès de ses contacts chez les millionnaires de la tech, Kirsch a fondé, dès mars 2020, le Covid-19 Early Treatment Fund (CETF), une organisation dédiée à découvrir si des médicaments déjà existants permettaient de guérir du Covid.
4,5 millions de dollars dépensés afin de financer les recherches d'universités reconnues, un conseil consultatif constitué de scientifiques sérieux et prestigieux: Kirsch avait tout pour faire partie des bienfaiteurs de la lutte contre le virus –si ce n'est qu'il se retrouve aujourd'hui dans le collimateur de la FDA après s'être attiré les foudres de la communauté scientifique.
D'après un article du MIT Technology Review, le millionnaire a très mal réagit aux échecs –qui font pourtant partie du processus– de certain tests menés par les équipes qu'il finançait.
Son attention s'est en particulier concentrée sur la fluvoxamine, un antidépresseur qui avait donné de résultats prometteurs. Alors que l'Institut national de santé américain estime toujours que les preuves de son efficacité ne sont pas suffisantes, Kirsch aurait «fait pression sur son conseil consultatif pour qu'il promeuve l'utilisation clinique de fluvoxamine en l'absence de données concluantes» et dénoncé une campagne contre ses médicaments.
Figure antivax
En mai 2021, alors que l'entrepreneur assurait que la fluvoxamine était la solution à la pandémie, tous les médecins de son cabinet consultatif ont démissionné du CETF.
«Il commençait à penser que son expertise s'étendait aussi [au domaine médical], explique au Daily Beast le docteur Douglas Richman, professeur de médecine à l'université de San Diego et ex-membre du CETF. En une semaine, nous avons tous démissionné, car nous ne voulions pas être associé à des recommandations énoncées prématurément.»
Kirsch affirme de son côté au Daily Beast que la raison pour laquelle les médecins ont quitté son organisation est qu'il était entretemps devenu antivax. Quoi qu'il en soit, à partir du mois de mai, le millionnaire est devenu une figure souvent reprise du mouvement anti-vaccins et du complotisme qui s'est cristallisé sur les questions liées au Covid.
Malgré l'absence de données probantes quant à son efficacité, le millionnaire continue de faire de la réclame pour son médicament en communiquant via Twitter ou Gab, un réseau en ligne populaire auprès de l'ultra-droite américaine.