Vous avez craqué pour une yaourtière que vous n'aurez finalement utilisée qu'une seule et unique fois en trente ans. Votre carte bancaire a chauffé à blanc pour cette paire de sneakers certes très seyante, mais déraisonnablement dispendieuse. Vous en êtes à votre sixième iPad, cette jolie robe de printemps a eu raison de vos ultimes réticences et la PS4 Pro qui trône désormais dans votre salon vous a mis·e dans une situation financière très délicate. Et ce dès le 5 du mois. Et ce chaque mois.
Peut-être souffrez-vous de ce que la science a appelé l'oniomanie, plus connue sous le nom de fièvre acheteuse, ou de consommation compulsive. Rassurez-vous, vous n'êtes pas seul·e. De l'anxiété, de la dépression, un trouble bipolaire et ses ravageuses phases maniaques, les médications désinhibantes qui vont parfois accompagner ces pathologies, diverses carences affectives ou fragilités psychologiques peuvent expliquer cette triste frénésie de l'achat inutile, généralement accompagné de tristesse et de honte.
Self-control
Entre la facilité de la carte bancaire –pire encore avec l'émergence du sans contact– et les achats en un clic sur les sites de e-commerce, le monde moderne n'aide pas à contrôler ces addictions consommatrices. Un journaliste de Wired, Kam Burns, explique dans un article avoir longtemps été victime de cet impossible contrôle. Mais il donne quelques pistes intéressantes pour raisonner ses dépenses.
La première semble évidente, mais très efficace: adieu modes de paiement modernes, revenez aux bons vieux billets et pièces. Le fait d'effectuer une transaction avec ces matériaux réels et tangibles permet de concrétiser l'acte, et de réfléchir plus précisément à la manière dont nous dépensons notre argent.
Second conseil: désactivez, sur vos outils modernes, tout ce qui peut rendre une transaction trop facile. Les fonctions d'auto-complétion de vos navigateurs ou appareils, qui peuvent se souvenir de votre numéro de carte à votre place, les coordonnées bancaires mémorisées par les sites de vente pour permettre des achats sans réelle réflexion, la livraison en quelques heures sont autant de mécanismes qui poussent à la compulsion en retirant toute barrière, donc tout instant de réflexion.
Troisième idée, plutôt maligne: si vous promenez vos clics et vos irrépressibles envies sur un site de e-commerce, ne mettez pas les objets convoités dans le panier, mais dans la wish list que nombre de plateformes proposent. Fermez le navigateur ou la fenêtre en question, et attendez quelques heures. Il y a fort à parier que votre pulsion aura alors changé, et que l'achat vous semblera inutile.
Ne sortez pas la carte bleue si vous avez bu: l'alcool, comme d'autres substances légales ou illégales, est un désinhibant qui accentue les penchants auxquels vous cherchez à échapper.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient traiter le problème à la racine, en particulier (mais pas uniquement) en cas de troubles psychologiques avérés, Kam Burns préconise enfin de tenir un journal, sur le long terme, de ses humeurs et de ses achats. C'est sans doute l'outil le plus efficace dont peut s'armer la personne cherchant à analyser précisément ce qui déclenche ses crises d'achats compulsifs, afin d'apprendre à détecter leur survenue et à les maîtriser.