Le meilleur pour les uns ferait le pire pour les autres. | David von Diemar via Unsplash
Le meilleur pour les uns ferait le pire pour les autres. | David von Diemar via Unsplash

Contre les sécheresses, la folle idée d'assombrir le soleil

Appliquée au Cap pour éviter le redouté «Day Zero», cette méthode de géo-ingénierie poserait des problèmes majeurs.

Victime d'une crise hydrique dont elle n'arrive à s'extraire, la métropole sud-africaine du Cap redoute depuis des années le «Day Zero», ce jour fatidique où plus aucune goutte d'eau ne s'écoulera des robinets.

Potentiellement dramatique, la situation a fait ressurgir, chez une équipe de scientifiques d'Afrique du Sud, de Norvège et des États-Unis, l'envie d'explorer une vieille et folle idée, comme tout droit sortie du petit manuel du parfait démiurge: tenter de maîtriser la chaleur du soleil.

Dans la revue Environemental Research Letters, les Géo Trouvetou climatiques expliquent ainsi que l'injection d'aérosols dans la stratosphère («stratospheric aerosols injection», ou SAI) pourrait réduire le risque de «Day Zero» de 90%.

Sur le plan technique, et toute chose étant relative par ailleurs, le concept de ce «contrôle des radiations solaires» est plutôt simple: il s'agit d'envoyer dans les hautes couches de l'atmosphère des particules, par exemple de dioxyde de soufre, qui réfléchiraient une partie des rayons du soleil et préserveraient donc la Terre d'une partie de la chaleur qu'il émet.

Que l'idée soit ainsi ressortie du placard, même avec les grandes réserves émises par les responsables de l'étude, est signe de l'urgence à trouver des solutions pour maîtriser les conséquences du changement climatique provoqué par les activités humaines, fussent-elles dangereuses.

Car d'autres scientifiques pointent les limites de la méthode. La première est qu'elle masquerait la responsabilité humaine dans les dérèglements du climat terrestre, ne nous poussant ainsi pas à réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.

Gagnants, perdants

Surtout, un «contrôle des radiations solaires» localisé créerait des inégalités insupportables entre les régions ayant les moyens de le mettre en place et celles trop pauvres pour le faire, qui pourraient être sources de conflits majeurs.

«Cela altérerait fortement le système climatique et créerait des “gagnants” et des “perdants” dans différentes zones ne disposant pas des mêmes moyens», écrivait ainsi, en 2018, le groupe de scientifiques Climate Analytics. «Si la méthode n'est pas totalement bannie, cela placerait le pouvoir de provoquer un choc climatique entre les mains de quelques acteurs seulement.»

Ces risques connus, cela n'empêche pas diverses solutions de géo-ingénierie d'être envisagées de plus en plus sérieusement, comme une solution de dernier ressort pour une humanité incapable de modifier en profondeur ses habitudes.

Dans la communauté scientifique, la controverse est vive. Certain·es, dont les méthodes et publications ont été amplement contestées, pensent qu'il est déjà trop tard pour se passer de la géo-ingénierie.

D'autres pensent au contraire que cette dernière ne pourra, seule, nous sauver, et que les risques qu'elle présente sont trop grands pour l'envisager sérieusement.

Ces réserves n'empêcheraient pourtant pas certaines nations ou régions, par désespoir et manque de solutions d'urgence, de passer à l'acte. Et de provoquer ainsi une dangereuse course aux manipulations climatiques: le remède serait alors pire que le mal.

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