Dans une récente note adressée aux investisseurs, Bank of America estime qu'Amazon pourrait tirer cette année jusqu'à 4 milliards de dollars [3,64 milliards d'euros] de revenus supplémentaires grâce au Covid-19. Pour l'entreprise, virus mis à part, le fait que des millions de personnes soient cloîtrées à la maison représente une situation idéale.
Nombre d'entre elles évitent les supermarchés pour se tourner vers la livraison. Or, Amazon dispose d'une machine bien huilée et d'une taille qui lui ont pour l'instant permis d'absorber la crise et de continuer à fonctionner correctement.
Amazon Prime Video et Twitch bénéficient du regain du streaming causé par la quarantaine. De leur coté, Netflix, Fortnite, Zoom et Slack connaissent d'immenses pics de fréquentation. Un autre atout pour Amazon: tous sont clients d'AWS, son service de cloud computing.
AWS apporte aussi son aide dans le domaine de la médecine. Le service offre des ristournes d'une valeur totale de 20 millions de dollars [18,2 millions d'euros] aux scientifiques ayant besoin de sa puissance de calcul pour accélérer des projets liés au coronavirus. Un effort aisé puisque le service pèserait 500 milliards de dollars [456 milliards d'euros] environ.
Le coronavirus met ainsi en exergue la position quasi monopolistique que l'entreprise occupe dans de nombreux domaines, une domination qui lui est régulièrement reprochée, mais qui est aussi la clé de sa résilience en temps de crise.
Ubiquité inouïe
Est-il cependant normal qu'une seule entreprise soit, au cœur d'une crise majeure, incontournable dans des domaines aussi variés?
Alors que, dans le même temps, les entrepôts n'acceptaient plus que des produits de première nécessité, des milliers de revendeurs tiers se sont retrouvés sans solution logistique, puisqu'aucun service ne rivalise avec Amazon.
Alors que beaucoup d'Américain·es ont dû se tourner vers l'entreprise pour faire leurs courses, plusieurs États se sont aussi plaints en constatant qu'elle avait échoué à contrôler le gonflement abusif des prix.
La crise interroge aussi les coût sociaux et humains d'une telle ubiquité, eu égard à ses conséquences sur les conditions de travail des employé·es. Plusieurs grèves ont été organisées en protestation contre des mesures d'hygiène et de protection jugées insufisantes alors que des salarié·es, dans les entrepôts ont été touché·es par le virus.
En France, l'union syndicale Solidaires a par ailleurs obtenu au tribunal qu'Amazon limite son activité aux marchandises essentielles, en attendant une évaluation des risques épidémiques au sein de ses entrepôts.
Sa puissance lui permet enfin de tenter de court-circuiter l'État. Afin de pallier le manque de tests, pour l'instant réservés aux soignant·es, l'entreprise a essayé de se fournir directement auprès des fabricants.
Reste à voir si les nombreuses enquêtes antitrust visant l'entreprise seront apaisées ou au contraires contrariées par une telle démonstration de puissance de l'entreprise.