Le vaccin est la clé de voûte de la stratégie du «stop and go». En France, comme dans la plupart des pays européens, les autorités ont refusé d'adopter des mesures trop strictes pour lutter contre le Covid-19. Les gouvernements estiment ainsi que conserver un nombre de contaminations haut mais «gérable» coûte moins cher, à la fois économiquement et socialement (ce qui n'est pas forcément vrai).
En plus d'un nombre de morts élevé, le stop and go ne laisse comme porte de sortie que la vaccination d'une grande partie de la population. Pourtant, alors que la France est à la traîne, même une vaccination massive ne semble pas permettre de retrouver aussitôt la «vie d'avant».
Pour le constater, il suffit de regarder du côté de l'Israël, championne du monde de l'inoculation massive, avec près de la moitié de ses 9,3 millions d'habitants ayant déjà reçu une dose du vaccin.
Ce 21 février, le pays a rouvert les piscines, les salles de spectacle et de sport ainsi que les hôtels aux personnes pouvant présenter un «laissez-passer vert», délivré après avoir reçu les deux doses ou s'être remis d'une contamination. Près d'un tiers de la population israélienne dispose de ce laissez-passer, un rêve lointain pour le reste du monde.
Soulagement et casse-tête
Pourtant, dans l'État hébreu, la «vie d'avant» semble encore loin. Très heureux d'avoir pu rouvrir son théâtre dans le nord du pays, Niza Ben Zvi rappelle pour Bloomberg que les mesures de distanciation physique sont encore d'actualité.
La fréquentation de sa salle est donc limitée à 50%, puisque les spectateurs doivent toujours être séparés d'un siège. Impossible donc de rentabiliser les spectacles à gros budget. Idem pour le sport: le Beitar Jérusalem a estimé que rouvrir son stade aux supporters ne valait pas le coût.
Du côté des hôtels, ils sont certes ouverts mais, du fait d'un trafic aérien au ralenti et de l'absence globale des touristes, leur fréquentation reste bien en deçà des chiffres habituels de la saison.
Israël est aussi l'un des premiers pays à être confronté au dilemme des aides de l'État. Comme dans beaucoup d'entre eux, le gouvernement a dépensé sans compter pour soutenir son économie et doit maintenant déterminer la marche à suivre.
«D'un côté, nous devons retirer avec précaution le stimulus pour ne pas gaspiller et devenir accros aux aides. Mais de l'autre, il ne faut pas tuer l'élan et laisser les gens sans aides trop tôt», explique à Bloomberg Adi Brender, le directeur des recherches en macroéconomie de la banque centrale du pays.
La situation actuelle d'Israël est donc un avertissement: le retour à la vie normale sera un soulagement évident, mais il pourra aussi constituer un casse-tête auquel les autres gouvernements doivent d'ores et déjà réfléchir.