En pleine pandémie, les gouvernements du monde entier mettent les bouchées doubles pour trouver des traitements ou des vaccins contre le Covid-19. Aux États-Unis, comme le révèle le Wall Street Journal, un groupe de plusieurs milliardaires et scientifiques appelé «Scientists to Stop Covid-19» cherche à imposer son aide.
En son sein, des scientifiques de diverses disciplines, allant de l'immunobiologie à l'épidémiologie en passant par l'oncologie –l'équipe comporte même un lauréat du prix Nobel de médecine, Michael Rosbash.
Mais ce groupe, créé en mars, est aussi et surtout soutenu par des personnes parmi les plus riches et influentes des États-Unis, notamment les milliardaires Peter Thiel, Jim Pallotta et Michael Milken, qui se chargent d'interpeller les autorités en matière de santé en faisant marcher leurs réseaux de connaissances.
Le but de l'opération est d'«aider à vaincre cette menace sérieuse à laquelle [leur] nation et le monde font face en ce moment». Pour cela, les scientifiques ont compilé dans un rapport de dix-sept pages des dizaines de méthodes scientifiques, vaccins et médicaments contre le coronavirus. Une des idées principales est l'usage de puissants médicaments à fortes doses, utilisés auparavant contre Ebola.
Une autre proposition concerne le développement d'une application pour smartphone qui demanderait aux Américain·es de confirmer chaque jour ne souffrir d'aucun des quatorze symptômes connus du virus.
Court-circuit
Bien qu'il ne soit officiellement soutenu par aucune institution sanitaire nationale, ce rapport a réussi à pénétrer l'enceinte ultra-sécurisée de la Maison-Blanche. Même en matière de santé publique, il semble que tout ne soit qu'affaire de relations.
Tom Cahill, scientifique et investisseur à l'origine du projet, a su dès le début s'entourer des plus influents. Il a d'abord contacté Brian Sheth, milliardaire et propriétaire du fonds Vista Equity Partners, lequel l'a présenté à Thomas Hicks Jr., coprésident du Comité national républicain et ami de Donald Trump Jr. Bingo!
Souhaitant s'assurer d'avoir l'oreille de l'exécutif américain, les membres du groupe ont également contacté Nick Ayers, ancien conseiller du vice-président Mike Pence.
Mais avant même une quelconque réponse, le groupe mené par Tom Cahill a cherché à prendre les devants en lançant la production de «médicaments dérivés d'anticorps monoclonaux». Or, pour initier ce type de démarche, l'aval préalable de la FDA est impératif.
Dans un premier temps, l'institution a refusé le projet, assurant qu'elle avait déjà les choses en main. Puis, le 27 mars, après quelques coups de téléphone donnés par Nick Ayers, les avis ont changé et une autorisation de production immédiate a été délivrée.
Toujours selon le Wall Street Journal, les membres de cette entité sont aujourd'hui toujours en contact avec les représentants de l'administration américaine et espèrent voir leur plan d'action bientôt enclenché.