«Plage, mer des Caraïbes, mojitos et vaccin, en un seul et même endroit». Voici le spot de pub que l'on pouvait voir récemment sur Telesur, une chaîne fondée en 2005 par le Venezuela et destinée aux hispanophones d'Amérique latine.
«Et vous, qu'en pensez-vous ? Iriez-vous à Cuba pour vous faire vacciner ?», interroge le spot, avec des images de La Havane et des laboratoires scientifiques de l'île, accompagnés d'une musique salsa typique.
Cette campagne vise à attirer les visiteurs alors que l'île est durement affectée par la chute du tourisme, qui représente un dixième de son PIB. À peine un million de vacanciers se sont rendus dans le pays en 2020, contre 4 millions l'année précédente.
Mais l'objectif de cette campagne de communication est surtout de présenter Cuba comme une puissance médicale, «le seul pays en développement à mener des essais de vaccins contre le Covid qui affecte l'être humain».
Vicente Vérez, le directeur de l'Institut Finlay des vaccins (IFV), explique dans la vidéo que Cuba possède quatre vaccins «à des stades avancés» et qu'il est capable de produire «100 millions de doses», soit dix fois le nombre d'habitants de l'île.
L'objectif est de vacciner tout le peuple cubain d'ici à 2021. Cuba va même plus loin en offrant son vaccin au Vietnam, à l'Iran, au Venezuela et à l'Inde, assure le directeur. En outre, et c'est le dernier argument en date, «il sera offert aux touristes étrangers qui visitent l'île».
Les touristes devront tout de même patienter un peu. Sovereign 02, le projet le plus avancé, est passé en phase II d'essai clinique le 18 janvier et doit entrer en phase III en mars, avec 150.000 volontaires recrutés, notamment en Iran.
L'IFV, géré par l'État cubain et l'Institut Pasteur d'Iran, ont ainsi signé un accord à La Havane qui permettra «l'achèvement des preuves cliniques du candidat vaccin Soberana 02» et «de rapides progrès dans les deux pays dans l'immunisation contre le Covid-19», a annoncé récemment l'IFV sur son compte Twitter.
Diplomatie vaccinale
En réalité, le vaccin est surtout pour Cuba une arme diplomatique. Le pays compte s'en servir pour continuer à exercer une influence auprès des États hostiles aux États-Unis, comme en Iran où le guide suprême Ali Khamenei a interdit l'importation de vaccins américains –mais a trouvé une astuce pour essayer de se procurer celui d'AstraZeneca.
Le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a lui-même plaidé récemment pour favoriser le vaccin cubain par rapport aux vaccins ARN de Pfizer ou Moderna.
En attendant, la situation sur le terrain est loin d'être idyllique, remarque le site indépendant 14ymedio. «Les cas de contagion continuent de croître, tout comme les soupçons selon lesquels les chiffres officiels ne reflètent qu'une partie de la réalité», avertit le site.
Selon le ministère de la Santé, le nombre de cas cumulés sur l'île s'élève à 25.674 au 31 janvier, avec 213 morts. Un chiffre certes bien en dessous de ceux du Brésil ou du Mexique, mais qui ne cesse d'augmenter depuis la réouverture des aéroports en octobre. Le pays connait aussi sa «pire pénurie de médicaments de ces dernières décennies», remarque le site ADN Cuba.