Tête de pont de Vision 2030, le projet de transformation de l'Arabie saoudite porté par le prince héritier Mohammed Ben Salmane, NEOM est un projet de zone économique futuriste, avec héliport, marina, taxis volants et lune artificielle, le tout alimenté par des énergies renouvelables.
Présenté en juin 2017, le projet avance plus que doucement, en raison notamment de la chute des cours du pétrole et de la pandémie, qui ont forcé le gouvernement saoudien à prendre des mesures d'austérité.
Pas de quoi décourager MBS qui, alors que le Dakar 2021 pétarade dans le pays, a présenté le 10 janvier dernier sa nouvelle fantaisie: une ville «zéro voiture, zéro route et zéro émission de carbone».
«En tant que président du conseil d'administration de NEOM, je vous présente THE LINE, une ville pouvant accueillir un million d'habitants, de 170 km de long et qui préservera 95% des zones naturelles», a-t-il fièrement annoncé à la télévision.
Les détails du projet n'ont pas été communiqués, mais une vidéo promotionnelle a été diffusée montrant des bâtiments sortant de terre au milieu du désert à grand renfort d'images de synthèse.
La Ligne, verte
La ville, qui suivra un tracé en ruban (d'où son nom), sera donc 100% piétonnière et disposera de transports en commun à grande vitesse, de telle sorte qu'aucun trajet ne durera plus de vingt minutes.
Elle sera équipée d'écoles, de centres de santé et d'espaces verts et sera gérée par intelligence artificielle. Les infrastructures seront toutes bas carbone et alimentées par énergie renouvelable.
Le projet est censé créer 380.000 emplois et sa contribution au PIB est estimée à 180 milliards de riyals (plus de 39 milliards d'euros) d'ici 2030, selon le communiqué de NEOM, qui précise que les travaux devraient débuter au premier trimestre 2021.
Ce projet pharaonique a-t-il une chance d'aboutir? Masdar City, dans l'émirat d'Abou-Dhabi, était elle aussi annoncée comme une ville futuriste et écologique. En construction depuis 2008, elle devait accueillir 50.000 personnes et 1.500 entreprises en 2016.
Aujourd'hui, seules quelques centaines d'étudiants y habitent et Masdar city peine à attirer les start-ups et multinationales. L'objectif des 40.000 habitants a été repoussé à… 2030.
On peut donc sérieusement se demander si le projet saoudien n'est pas lui aussi destiné à finir en simple vitrine écologique pour l'Arabie saoudite, par ailleurs parmi les plus gros pollueurs de la planète.
Le pays, qui a failli faire capoter l'accord de Paris en 2015 en tentant de bloquer l'objectif de 1,5°C pour le réchauffement, multiplie aujourd'hui les annonces vantant son engagement écologique.
Il projette ainsi de tripler sa production d'énergie renouvelable d'ici 2023, avec une large part dédiée au solaire. Dernier détail: «La Ligne» disposera aussi «d'un des plus gros aéroports au monde». Pas de route, donc, mais des pistes pour les avions.