Verda Alexander, cofondatrice du Studio O+A –une entreprise de design d'intérieur basée à San Francisco– compte parmi ses clients de grands noms, tels que Slack, Mcdonald's, Microsoft ou encore Nike.
Depuis plusieurs années, la créatrice américaine s'interroge sur l'évolution de nos espaces de travail. Verda Alexander pense que ses confrères et consœeurs, tout autant qu'elle-même, font fausse route depuis longtemps en matière d'aménagement des bureaux d'entreprises.
Au début de sa carrière, une entreprise fraîchement fondée fait appel à ses services pour concevoir des bureaux qui encourageaient le personnel à rester plus longtemps sur les lieux et travailler plus.
En plus de créer une cafétéria pour y servir petit-déjeuner, déjeuner et dîner, la créatrice et son équipe ont incorporé un certain nombre d'aménagements pour rendre le lieu plus confortable sur une longue période. Verda Alexander estime que ces locaux pensés en 24/7 ont été un tournant dans l'aménagement des bureaux d'entreprises.
Si l'organisation en open space continue à être la norme dans de nombreuses structures, les critiques à leur encontre se multiplient. La cofondatrice du studio O+A s'est donc interrogée sur l'efficacité de ces aménagements pour favoriser la productivité, la créativité et pour aider les salarié·es à fournir un travail de meilleur qualité. Après réflexions, elle pense détenir une partie de la réponse.
Favoriser les frictions entre collègues
Contrairement aux idées reçues, la créatrice considère qu'un peu de frictions sur le lieu de travail serait nécessaire. Par frictions, elle n'entend pas ces tensions pesantes entres collègues qui nous empêcheraient presque de travailler. «C'est un courant dans une bonne direction», écrit-elle. Pour l'architecte d'intérieur, si quelques discordances peuvent bien entendu ralentir les choses, elles sont également capable d'instaurer une force positive dans un espace de travail.
Pour étayer son propos, la conceptrice s'appuie sur une étude –contestée–menée sur des souris par Robert Yerke au début des années 1900. Le scientifique avait examiné ce qui pourrait inciter les rongeurs à apprendre, à adopter de nouvelles habitudes ou à trouver un nouveau passage dans un parcours donné.
Si une stimulation trop légère ou au contraire trop excessive n'a pas aidé les mammifères à progresser, une stimulation énergique mais mesurée semblait être concluante. Constat: une quantité raisonnable de stress pousserait les individus à être plus performant.
Suivre le chemin des résidences artistiques
C'est en ce sens que Verda Alexander veut orienter les futurs aménagements des entreprises. Sans les déparer d'une ambiance propice au renforcement des liens entre les collaborateurs, elle imagine des lieux de travail un peu moins confortables mais bien plus stimulants, pour pousser les salarié·es à travailler davantage en profondeur et plus rapidement.
Concrètement, ces lieux imaginés par Verda Alexander s'éloigneraient des tendances actuelles (repas gratuits, espaces de loisirs, etc.) pour revenir à une forme d'austérité et à un relatif inconfort propice aux frictions qu'elle appelle de ses vœux.
L'architecte cite notamment l'influence des résidences artistiques ou des ateliers d'écritures, où les tâches ménagères sont partagées et où la télévision comme les connexions cellulaires sont souvent absentes. Un bon début, selon elle, pour faire preuve d'une plus grande créativité.