La recherche frénétique d'informations peut être déstabilisante. | Yuris Alhumaydy via Unsplash
La recherche frénétique d'informations peut être déstabilisante. | Yuris Alhumaydy via Unsplash

Le «doomscrolling», ou le mal de l'information

Faire défiler à l'infini les fils d'actualité sur les réseaux pourrait être mauvais pour votre santé mentale.

L'anglais a un mot pour tout. Il y a zumping (se faire larguer sur Zoom), noob (être nouveau dans une communauté)... et depuis quelques années (peut-être 2018 d'après le premier post mentionnant le mot sur Twitter), doomscrolling.

Ce mot-valise associe doom (un destin fatal, une mort inéluctable, la destruction, la ruine) et scrolling (faire défiler le contenu d'un écran vers le bas). Il désigne l'habitude de scroller à l'infini sur les fils d'actualité Twitter, Instagram, Reddit ou Facebook lors d'événements dramatiques. C'est le nouveau mot à la mode –donc sujet à caution– depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19 et du retour sur le devant de la scène du mouvement Black Lives Matter.

«Le doomscrolling est devenu une façon de faire face à ce qui est inconnu et terrifiant», explique à Fast Company Allissa Richardson, professeure de journalisme à l'USC Annenberg, en Californie. «Nous n'avons aucune expérience d'une pandémie à cette échelle, ni d'un confinement global. Le doomscrolling a, en ce sens, encouragé les gens à s'éduquer sur le sujet.»

Mais vouloir assouvir sa soif de savoir sans perspective d'y parvenir peut entraîner des effets plus négatifs que positifs. Dans le cas du coronavirus, les déclarations des autorités de la santé ou du gouvernement changent en permanence –la situation évolue à une telle vitesse qu'il est quasiment impossible d'être à jour sur tous les fronts de l'information.

Cette quête perpétuelle amplifie le sentiment d'impuissance, l'anxiété et nourrit l'addiction. Naît alors une inquiétude, selon Richardson: «Et si je ne savais pas quelque chose à propos du virus, quelque chose qui pourrait me sauver la vie?»

Savoir sans fin

Le mécanisme psychologique est complètement différent dans le cas de mouvements comme Black Lives Matter. Avec le dévoilement infini des faits, témoignages ou vidéos choquantes, le doomscrolling, cette fois, éduquerait tant la personne qui lit que cela la galvaniserait, d'après Richardson. Elle théorise que c'est en grande partie pour cette raison que tant de personnes sont descendues manifester dans la rue.

Attention toutefois à savoir faire des pauses, avertit Dana Garfin, qui dirige le Resilience, Epidemiology, and Community Health Lab de l'Université de Californie à Irvine. «Doomscroller» peut avoir un effet très délétère sur la santé mentale comme physique si l'on se laisse déborder ou enfermer par les images et les informations –qu'il s'agisse de maladies ou de manifestations.

Garfin conseille de choisir trois moments fixes dans la journée pour lire les infos, puis de déconnecter. «Rappelez-vous toujours que vous pouvez arrêter», préconise-t-elle.

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