C'est l'un des scandales de la rentrée: le monde du jeu d'échecs a été secoué par une affaire de tricherie pas piquée des hannetons. Un joueur nommé Hans Niemann a en effet été accusé par le champion du monde Magnus Carlsen, qu'il venait de battre à la grande surprise des observateurs, d'avoir bénéficié d'une aide extérieure –et d'un dispositif interne.
L'une des hypothèses, qui a énormément fait parler, est que Niemann aurait eu recours à des perles vibrantes installées dans son rectum, permettant à des complices de lui envoyer des messages codés à l'insu du reste du monde. Ces allégations n'ont pu être démontrées, le joueur n'ayant pas été pris en flagrant délit.
Chez Gizmodo, on rappelle que Hans Niemann avait déjà été épinglé pour tricherie, et même banni du site de référence Chess.com parce qu'il avait eu recours à des programmes informatiques pour gagner des centaines de parties en ligne. Mais le perfectionnement de certains systèmes capables d'analyser le jeu mieux que n'importe quel être humain n'a pas eu que cette conséquence.
Il a aussi considérablement changé la façon dont joueurs et joueuses pratiquent cette discipline. Pour gagner, la priorité absolue ne serait plus de savoir analyser la répartition des pièces sur l'échiquier, mais de savoir mémoriser de grandes quantités de combinaisons, à la manière des ordinateurs –mais en moins bien. Des profils qui rappellent celui de Nigel Richards, qui fut champion du monde de Scrabble francophone alors qu'il ne parle pas français. Possible que les échecs y laissent un peu de leur noblesse.
Les meilleurs programmes sont devenus imbattables. D'où la prolifération d'affaires de tricherie, toutes basées sur le même principe: se faire dicter chacun de ses coups par une intelligence artificielle.
Parmi les grands classiques, ce principe vieux comme le monde consistant à se rendre aux toilettes en prétextant un besoin urgent, et en profiter pour consulter un smartphone ou une tablette capable de vous dire quelle pièce déplacer au prochain coup –l'équivalent des candidats d'examens qui cachent un téléphone dans leurs sous-vêtements afin de pouvoir le consulter tranquillement aux cabinets.
Lunettes et toilettes
Mais ce n'est là que la face émergée de l'iceberg, avertit Gizmodo. Lunettes dissimulant des caméras cachées, téléphones connectés placés dans le stock de papier toilette du bâtiment abritant le tournoi... Les méthodes de triche sont nombreuses, et certaines d'entre elles sont peut-être si élaborées que nous, le commun des mortels sans aptitude particulière pour les échecs, ne sommes pas capables de les repérer.
Des envois de SMS codés et des déplacements louches dans la salle, mais aussi l'ascension fulgurante au classement ELO par un joueur qui ne participait qu'à des tournois qu'il organisait lui-même: certaines méthodes relevées puis dénoncées se distinguent par leur audace absolue. Ces stratégies ne nécessitent pas d'avoir recours à de la technologie élaborée, mais ont tout de même permis à certains joueurs de tirer –au moins provisoirement–leur épingle du jeu.
Si ce qui lui est reproché est vrai, alors Hans Niemann a clairement passé la vitesse supérieure. Et le jeu d'échecs pourrait bien finir par ne pas s'en relever.