Malgré les clichés ou les films avec Liam Neeson, les enlèvements d'enfants sont souvent le fait de l'un de ses parents, la plupart du temps dans le cadre d'une séparation conflictuelle quant aux modalités de garde.
Mais lorsqu'un enfant est illégalement emmené à l'étranger par l'un de ses parents, certaines personnes ne veulent pas attendre qu'un tribunal prenne des années à résoudre l'affaire et décident, à leur tour, de commettre un enlèvement. Pour cela, elles peuvent se tourner vers des entreprises d'un type très particulier, œuvrant dans ce qu'elles nomment le «recouvrement».
Le New York Times a enquêté sur ce phénomène en interrogeant une cinquantaine de parents et d'agents de ces entreprises. Souvent situés en Australie, les détectives privés spécialisés sont peu nombreux et n'accomplissent qu'une poignée d'enlèvements par an.
Le journal relate les péripéties d'un père qui a tenté d'enlever sa fille de force dans son école en Thaïlande, ou celles d'une actrice d'un soap australien qui a récupéré son fils dans un supermarché en Malaisie, alors que deux gorilles barraient la route à son ex-conjoint.
Militaires reconvertis
Business is business, les agences d'enlèvement s'interrogent rarement sur la situation de leur clientèle. Il arrive donc que des enfants soient enlevés au profit de parents qui finissent par perdre leur garde au tribunal, où à celui de personnes ayant par le passé exercé des violences familiales.
Mesure extrême, le «recouvrement» n'est pas accessible à toutes les bourses. Les agences réclament habituellement plusieurs dizaines de milliers d'euros pour une telle opération, afin de payer des agents sur le terrain et, au besoin, de graisser quelques pattes.
Les agents qui conduisent des missions de ce type sont souvent d'ex-militaires, désormais tournés vers la barbouzerie. Michael Taylor, ancien membre des forces spéciales américaines et soupçonné d'être le cerveau derrière l'exfiltration de Carlos Ghosn depuis le Japon, aurait ainsi trempé dans des opérations de ce type, selon le New York Times.
Sur le terrain, des correspondants et intermédiaires offrent des muscles supplémentaires, soudoient les forces de police locales et préparent les plans d'évasion. Mais, pour des raisons légales, les client·es doivent impérativement être présent·es sur place pour récupérer leurs enfants lors des exfiltrations, explique le New York Times.
L'industrie, qui opère à l'extrême frontière de la loi, n'est bien entendu pas régulée. Les opérations qui tournent au fiasco ainsi que les arnaques pures et simples sont monnaie courante. L'effet sur les enfants peut être dramatique: les psychologues estiment que ces enlèvements peuvent constituer un traumatisme profond qui continuera de les hanter à l'âge adulte.